Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

YAMASHITA YASUHIRO (1957- )

Idole au pays du Soleil levant, Yasuhiro Yamashita demeure le plus célèbre et le plus respecté des judokas japonais. Il fut champion olympique « toutes catégories » en 1984, champion du monde « toutes catégories » en 1981, champion du monde des poids lourds en 1979, 1981 et 1983. Il a remporté cinq cent vingt-huit combats, pour seize défaites et seize matchs nuls, enchaînant notamment une impressionnante série de deux cent trois victoires consécutives ; il ne connut jamais la défaite face à un non-Japonais.

Yasuhiro Yamashita est né le 1er juin 1957 à Yabecho (préfecture de Kumamoto), dans une famille où la passion des arts martiaux est bien ancrée. Son tempérament bagarreur et un certain surpoids le conduisent au dojo, où sa mère l'inscrit alors qu'il a dix ans. Le garçon se fait rapidement remarquer par sa force, bat tous les rivaux qu'on lui propose, reçoit les compliments de ses instructeurs et... des offres des recruteurs de sumo, impressionnés. L'adolescent les repousse, car il rêve de devenir champion olympique ; il devient ceinture noire. Il s'entraîne tous les jours durant cinq heures, alternant course à pied, musculation et travail technique ; il broie tous ses partenaires, acquiert une grande force des bras et un coup d'œil qui lui permet d'avoir en permanence un temps d'avance. En outre, il se consacre au judo avec une ferveur quasi religieuse, nourrie par la lecture des préceptes de Jigorō Kanō.

En 1977, il devient à dix-neuf ans le plus jeune champion du Japon « toutes catégories », en dominant le célèbre Sumio Endo : jusqu'à sa retraite sportive en 1985, il remportera tous les ans ce prestigieux titre national. En 1979, à Paris, il est champion du monde des poids lourds en battant le Français Jean-Luc Rougé en finale. Mais l'ascension linéaire du colosse (1,80 m, 125 kg) se brise sur un obstacle inattendu. En janvier 1980, Jimmy Carter, président des États-Unis, décrète que son pays boycottera les Jeux de Moscou et appelle les pays alliés à faire de même ; le Japon obéit, ce qui met Yamashita en rage – le judoka fait savoir sa colère à l'occasion d'une émission de télévision en direct. En outre, il se fracture la cheville, ce qui le contraint à plusieurs mois d'inactivité sportive.

En 1981, à l'occasion des Championnats du monde de Maastricht (Pays-Bas), le Japon déroge à ses habitudes : alors qu'il aligne traditionnellement un concurrent pour disputer la compétition chez les poids lourds et un autre pour le représenter dans le tournoi « toutes catégories », Yamashita obtient le droit de briguer les deux titres, qu'il remporte – il s'agit donc d'une première. Malgré son aura et son statut, Yamashita ne roule pas sur l'or : il récolte certes de belles sommes pour apparaître dans diverses publicités, mais reverse l'intégralité de cet argent au Comité olympique japonais afin de ne pas perdre son statut « amateur ». Pourtant, il ne répond pas à l'appel des sirènes des promoteurs de la lutte professionnelle, qui lui proposent des sommes colossales pour participer à de lucratifs combats calqués sur le catch américain et tentent même de soudoyer le grand-père de l'idole pour qu'il fasse fléchir son petit-fils. Peine perdue : « En acceptant, j'aurais eu le sentiment de vendre le judo », déclare-t-il.

En 1983, à Moscou, il est de nouveau champion du monde des poids lourds, mais ne combat pas en « toutes catégories », laissant la place à Hitoshi Saito. L'année suivante, il peut enfin concrétiser son rêve olympique. Pourtant, à Los Angeles, il connaît une sérieuse alerte : il se donne une entorse lors de son premier combat et doit dès lors gérer ses matchs ; ainsi, en finale, face à l'Égyptien Mohamed Rashwan, il impose un combat au sol, qui lui permet d'immobiliser son adversaire en moins d'une[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification