YÉMEN
Nom officiel | République du Yémen (YE) |
Chef de l'État | Rashad al-Alimi (président du Conseil de direction présidentiel depuis le 19 avril 2022) |
Chef du gouvernement | Maïn Abdelmalek Saïd (depuis le 18 octobre 2018) |
Capitale | Sanaa |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Rial yéménite (YER) |
Population (estim.) |
33 513 000 (2024) |
Superficie |
455 000 km²
|
Le Yémen unifié
Entre défis et réalisations
La conjonction de facteurs internationaux liés à la chute de l'Union soviétique et de dynamiques locales propres aux leaderships des deux États yéménites conduit le 22 mai 1990 à l'unification de la république arabe du Yémen (Nord) et de la république démocratique et populaire du Yémen (Sud), donnant naissance à la république du Yémen. Le processus d'unification n'est guère aisé tant les deux entités ont connu au fil des décennies précédentes des trajectoires politiques différentes. Les deux Yémen n'ont pas le même poids démographique ni politique – le Nord concentrant les trois quarts de la population, introduisant de facto un déséquilibre. Par ailleurs, l'unification se trouve rapidement affectée par la conjoncture régionale. Au cours du second semestre de 1990, le refus du Yémen de voter au Conseil de sécurité de l'O.N.U. les résolutions condamnant l'invasion irakienne du Koweït isole le pays : l'aide internationale au développement est interrompue et environ huit cent mille travailleurs yéménites installés dans les monarchies du Golfe sont de fait expulsés. Cet afflux massif de population, représentant près de 20 % du total de la main-d'œuvre masculine, déstabilise durablement l'économie du pays.
Malgré ces défis importants, le Yémen s'engage avec l'unité dans un processus de réforme politique unique à l'échelle de la région. La nouvelle Constitution, adoptée en 1991, entérine un système bicéphale avec à la présidence, l'ancien président du Yémen du Nord, Ali Abdallah Saleh, et à la vice-présidence, Ali Salem al-Bidh, ancien secrétaire général du Parti socialiste du Yémen du Sud. Les anciens partis uniques du Nord et du Sud se partagent par ailleurs les postes gouvernementaux. Le pluralisme induit par l'accord d'unité donne naissance à de nombreux partis politiques, dont le plus important est le parti Al-Islah qui rassemble des élites tribales ainsi que des islamistes affiliés aux Frères musulmans. En 1993, les élections législatives qualifiées de libres et transparentes témoignent des avancées en matière de démocratisation, tout comme le développement d'une presse relativement libre et, en tout état de cause, remarquablement dynamique.
Par-delà ces réalisations, la période est émaillée de tensions au sein du leadership bicéphale qui débouchent, au printemps de 1994, sur un conflit armé et sur la proclamation unilatérale, au sud, de la république démocratique du Yémen. La phase de transition de quatre années initialement prévue par l'accord d'unité a laissé intactes les structures militaires de chaque camp. La courte guerre voit l'armée du nord, appuyée par des milices islamistes, pénétrer dans Aden le 7 juillet 1994. La tentative de sécession a avorté et les leaders sudistes, dont Ali Salem al-Bidh, s'exilent avant d'être condamnés par contumace.
La guerre a permis à Ali Abdallah Saleh et à son parti, le Congrès populaire général (C.P.G.), de marginaliser durablement le Parti socialiste et de faire du parti Al-Islah son nouvel allié, l'invitant même à participer jusqu'en 1997 à des gouvernements de coalition. Les élections législatives de 1997, puis l'élection présidentielle de 1999 et, enfin, en 2001 une réforme constitutionnelle actent la monopolisation croissante du pouvoir par le C.P.G. et le président.
La variable Al-Qaida
Les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington inaugurent au Yémen une nouvelle phase marquée par la centralité de la question de la lutte antiterroriste. Dès octobre 2000, l'attentat attribué à Al-Qaida contre le navire de guerre américain USS Cole en rade d'Aden a placé le pays dans une situation délicate, notamment parce que la coopération entre le F.B.I., dépêché sur place[...]
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Écrit par
- Laurent BONNEFOY : chercheur CNRS au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po
- André BOURGEY : professeur émérite des Universités
- Serge CLEUZIOU : directeur de recherche au CNRS
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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YÉMEN, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ADEN
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 601 mots
Ville du Yémen, Aden se dresse sur une péninsule située sur la côte nord du golfe homonyme.
La ville est mentionnée pour la première fois dans l'Ancien Testament (Ézéch., xxvii, 23) sous le nom d'Éden, au côté de Kanné. Les deux villes, avec lesquelles Tyr commerçait, étaient alors les...
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ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
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...révoltées sous la conduite d'un descendant des anciens souverains de Hirā ; puis ce furent les tribus du ‘Omān qui subirent la loi des musulmans. Restaient le Yémen et le Hadramaoūt. Après la prise de La Mecque par Mahomet, les tribus du Yémen étaient venues faire leur soumission au Prophète ; celui-ci avait... -
ARABIE SAOUDITE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Ghassan SALAMÉ
- 25 169 mots
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...Bagdad sur le marché pétrolier ferait chuter les prix), soit, contrairement au dual containment américain, se rapprocher de l'Iran à partir de 1998. La crainte suscitée par la réunification du Yémen (1990), où l'ex-pouvoir du Nord issu de l'armée domine nettement les institutions politiques fusionnées,... -
ARABISME
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Maxime RODINSON
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...République arabe unie (1er févr. 1958), complétée bientôt par une fédération très lâche (et ouverte à d'autres membres éventuels) avec le Yémen (8 mars) sous le nom d'États arabes unis, fit croire aux idéologues du nationalisme arabe que la création du grand État arabe unitaire était en... - Afficher les 19 références