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YEN

Du yen flottant au contrôle des changes

En janvier 1932, le yen est coté 34 cents à New York et perd 57 p. 100 de sa valeur par rapport à 1929. Le gouvernement, jouant de la dépréciation du yen, amorce une véritable politique de relance qui conduit à une reprise relative de la croissance et des exportations. En 1932, le contrôle des changes est instauré, mais il n'est mis en œuvre que l'année suivante et la spéculation sur le change yen/dollar continue dans l'intervalle. Il faut attendre l'abandon de l'étalon or par les États-Unis et la dévaluation du dollar en 1933 pour que le yen reprenne de la vigueur et revienne en quelques mois de 21 à 30 cents, avant de se stabiliser autour de 28 cents. Les exportations japonaises rencontrent de plus en plus de difficultés avec l'effondrement des autres monnaies qui renchérit relativement les prix en yens.

L'instabilité issue du soulèvement de jeunes officiers ultranationalistes se nourrit de la ruine des populations rurales et de la colère contre les spéculateurs. Les attentats se multiplient dans un climat de chaos politique. En 1932, Junnosuke Inoue, le ministre des Finances responsable de la levée de l'embargo sur l'or et de la déflation, et le banquier Takuma, « trop américanisé » et partisan de la Société des Nations sur la question de la Mandchourie, sont assassinés. En 1936, le ministre Takahashi, responsable quatre ans plus tôt du rétablissement de l'inconvertibilité du yen et de son flottement, figure aussi parmi les personnalités assassinées.

À partir de 1937, avec l'entrée en guerre contre la Chine, le courant militariste s'impose sous la conduite du prince Konoe, puis de Tojo, de 1941 à 1944. Le gouvernement martial fait voter la loi de mobilisation nationale générale dès 1938 et trouve dans la guerre la voie pour créer, sous la direction du Japon, « la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale », groupe de pays autosuffisants, libérés du joug des puissances occidentales. En décembre 1941, le Japon attaque les États-Unis. L'économie dirigée est étroitement contrôlée par une planification administrative qui se donne pour tâche de gérer les approvisionnements et le rationnement. L'effort de guerre se prolonge jusqu'à la capitulation le 2 septembre 1945.

En 1942, la loi sur la Banque du Japon expire et elle est remplacée par un nouveau statut, qui restera en vigueur jusqu'en 1990. La Banque du Japon doit « renforcer l'activité générale de la nation » et être « gérée exclusivement en vue de réaliser les objectifs de la politique nationale ». Les billets de la Banque du Japon sont inconvertibles, leur émission n'est pas liée au volume des réserves d'or et de devises étrangères détenues par la Banque. L'offre de billets devient un instrument à la discrétion des autorités monétaires qui doivent cependant respecter un plafond, mais ce dernier est ajustable. L'offre de monnaie devient ainsi une variable de contrôle utilisée pour financer la guerre. L'économie japonaise est en proie à une forte inflation qui n'atteint pas cependant les proportions de l'hyperinflation en raison de l'efficacité du rationnement et du contrôle des prix.

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Écrit par

  • : docteure en sciences économiques, professeure des Universités en sciences économiques
  • : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113

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