SHILOH YIGAL (1937-1987)
Être un archéologue reconnu par ses pairs et avoir dirigé une fouille archéologique sur le site de la Jérusalem israélite, voilà ce que réalisa Y. Shiloh durant une vie trop courte. Pourtant, les obstacles n'ont pas manqué à cet Israélien. Né le 6 juillet 1937 à Haïfa, il commence sa vie de travailleur comme ouvrier dans une usine métallurgique, puis en 1962 décide de faire des études à l'Institut d'archéologie de l'université hébraïque de Jérusalem. Il parcourt alors les étapes du cursus universitaire et participe, sous la direction de l'archéologue Yigaël Yadin, aux fouilles de Masada (1963-1965), de Megiddo (1966, 1967, 1970, 1972) et de Haçor (1968, 1971). Cette participation le met en contact avec les grands chantiers archéologiques du moment. Il soutient en 1974 sa thèse de doctorat (Ph. D.) qui a pour titre : Foreign Influences on the Masonry of Palestine in the 10th-9th Centuries B.C. La thèse ne sera pas publiée, mais elle est à l'origine d'un ouvrage consacré au chapiteau proto-éolien et à la maçonnerie israélite (1979). Dès 1975, il bénéficie d'une année sabbatique qu'il passe à Harvard comme lecteur invité.
L'année 1978 va être un tournant décisif. C'est alors qu'on fait appel à lui comme archéologue pour diriger les fouilles de la cité de David dont le projet est soutenu par The City of David Society, création destinée à fouiller, conserver et restaurer la cité de David à Jérusalem. Grâce à l'aide de Teddy Kollek, maire de Jérusalem et président de la société, Y. Shiloh et son équipe vont réaliser ce projet pendant huit ans, en disposant des terrains municipaux localisés sur la colline de la cité de David. Le travail archéologique y était rien moins que facile, et le profane qui, aujourd'hui, visite les vestiges mis au jour ne peut avoir idée des déblais qui depuis un siècle avaient recouvert les fouilles faites à la fin du xixe siècle. Le grand mérite de Y. Shiloh fut de prolonger les fouilles entreprises en 1960 par Kathleen Kenyon et de les étendre partout où cela était possible. Le résultat est éloquent et la connaissance que nous avons maintenant de la cité de David à l'époque israélite s'est considérablement développée. En 1982, Y. Shiloh publie un rapport préliminaire sur les cinq premières campagnes (1978-1982) sans attendre l'achèvement de l'entreprise et sans avoir fait l'étude de tout le matériel découvert. Décision courageuse qui, à la lumière de sa mort, se révèle particulièrement inspirée. La huitième campagne de fouille eut lieu en 1985. L'archéologue meurt à Jérusalem le 14 novembre 1987, laissant à son équipe le soin de publier les découvertes faites au long de huit années de travail commun. On ne peut cacher qu'au cours de ses fouilles à Jérusalem Y. Shiloh fut pris à partie par un groupe de juifs ultra-orthodoxes qui l'accusaient de profanation, parce que les tombes de David et des rois de Juda devaient se trouver à l'intérieur de la cité de David. Les incidents furent violents, allant jusqu'à empêcher le travail des archéologues. Lors de la mort de Y. Shiloh, le même groupe fit éclater sa joie en placardant dans un quartier de Jérusalem au cours d'une campagne odieuse une affiche qui commençait par ces mots : « Réjouissez-vous de la mort des impies. »
Bibliographie
Ouvrages
The Proto-Aeolic Capital and Israelite Ashlar Masonry, Qedem 11, Monographs of the Institute of Archaeology, The Hebrew University of Jerusalem, Jérusalem, 1979 / Excavations at the City of David I, 1978-1982, Interim Report of the First Five Seasons, Qedem 19, Jérusalem, 1984.
Articles
« Torah Scrolls and the Menorah Plaque from Sardis », in Israel Exploration Journal, no 8, 1968 / « The Proto-Aeolic Capital. The Israelite Timorah (Palmette) Capital[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques BRIEND : directeur de l'U.E.R. de théologie et de sciences religieuses à l'Institut catholique de Paris
Classification