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RABIN YITZHAK (1922-1995)

Guerre des Six Jours, 1967 - crédits : National Archives

Guerre des Six Jours, 1967

Premier ministre israélien de 1974 à 1977 et de 1992 à sa mort, Yitzhak Rabin fut l'un des derniers représentants de la génération de 1948, celle qui mena la guerre d'indépendance ; il fut aussi le premier chef de gouvernement sabra (Israélien né en Israël). Né à Jérusalem, d'une famille originaire d'Europe orientale (son père s'était d'abord installé aux États-Unis), Yitzhak Rabin fait des études brillantes au lycée agricole Kadouri, l'une des meilleures institutions de l'époque, d'où sont issus de nombreux dirigeants de l'État. En 1940, au lieu de se rendre aux États-Unis en tant que boursier, il s'engage dans le Palmah (unité d'élite clandestine du mouvement kibboutzique). Il se lie alors notamment avec Moshe Dayan (son aîné de sept ans). Arrêté par les Anglais pendant quelques mois en 1946, il commande, à sa libération, un bataillon du Palmah (il est l'adjoint d'Yigal Allon, le chef de l'unité). Son rôle est très important dans les différentes batailles de la guerre d'indépendance et il devient l'un des officiers les plus en vue. Lorsque le Palmah, considéré comme gauchisant, est dissous par Ben Gourion peu après la création de l'État d'Israël, il décide de rester sous les drapeaux. Il suit les cours d'une académie militaire anglaise et gravit tous les échelons de la hiérarchie militaire, et est enfin nommé chef de l'état-major général de l'armée le 1er janvier 1964. C'est ainsi qu'il est appelé à diriger l'armée lors de la guerre des Six Jours (juin 1967). Il est alors considéré comme un héros national, et, lorsqu'il quitte le service actif, il est nommé, en 1968, ambassadeur à Washington, où il reste jusqu'en mars 1973. Il renforce les liens avec les États-Unis en insistant sur la dimension stratégique de l'alliance entre les deux pays : celle-ci doit dépasser le cadre idéologique et sentimental traditionnel pour refléter la communauté d'intérêt.

De retour en Israël, il est élu pour la première fois à la Knesset le 31 décembre 1973, sur la liste travailliste. Il occupe pendant quelques semaines le poste de ministre du Travail dans le dernier gouvernement présidé par Golda Meir (démis avril 1974). Celle-ci – ainsi d'ailleurs que toute l'ancienne équipe restée au pouvoir –, gravement compromise dans les erreurs politiques et militaires qui ont conduit à la guerre du Kippour (octobre 1973), doit se retirer, et Yitzhak Rabin, qui n'a pas été éclaboussé par cette guerre, devient Premier ministre en avril 1974, poste qu'il occupe jusqu'en mai-juin 1977. La popularité de Rabin ne résiste pas longtemps à l'épreuve du pouvoir. La déliquescence du Parti travailliste est manifeste. Une série de scandales secoue le parti, et certains de ses dirigeants sont compromis dans plusieurs scandales financiers. Rabin lui-même, convaincu d'avoir conservé illégalement un compte bancaire aux États-Unis longtemps après son retour de mission, doit se mettre en congé politique. Le contrecoup est tel qu'aux élections de mai 1977, pour la première fois, la droite dirigée par Menahem Begin parvient au pouvoir où elle se maintient jusqu'en 1984. En septembre de la même année, la formation d'un gouvernement d'union nationale (dirigé d'abord par Shimon Peres, leader du Parti travailliste, puis par Yitzhak Shamir, chef du Likoud) permet à Yitzhak Rabin de revenir aux affaires, en tant que ministre de la Défense nationale. Il joue un rôle fondamental dans la lutte contre l'intifada (le soulèvement palestinien contre l'occupation, déclenché en décembre 1987) en préconisant une politique répressive qui n'offre aucune ouverture aux Palestiniens et contribue à la radicalisation de la révolte, puis à l'apparition et au renforcement du mouvement[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit de l'université hébraïque de Jérusalem (Israël)

Classification

Médias

Guerre des Six Jours, 1967 - crédits : National Archives

Guerre des Six Jours, 1967

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