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NĀTHS YOGIS

Du sanskrit nātha (« seigneur »), nâths est le nom donné aux adeptes d'une secte hindoue d'obédience tantrique qui apparut vers le xe siècle, dans le nord-est de l'Inde (Bengale, Assam) et dans les États himalayens (surtout au Népal). Les nâths sont d'abord des adeptes du yoga sous sa forme la plus rigoureuse : exercices physiques compliqués, utilisation de toutes les « puissances » corporelles, etc. Cela les conduit à mettre l'accent sur l'obtention des pouvoirs merveilleux, promis, selon le yoga, à ceux qui sont capables d'assumer totalement tout le potentiel d'énergie que recèle le corps matériel. C'est pourquoi les nâths sont fameux comme guérisseurs, comme sorciers, comme jeteurs de sorts. On les dit aussi alchimistes. Par ailleurs, cette volonté d'utiliser au maximum toutes les ressources de la physiologie humaine conduit les adeptes de la secte à privilégier l'activité sexuelle en raison de l'intensité de l'ébranlement psychosomatique qu'elle déclenche. Ainsi s'expliquent la réputation malsaine de la secte et l'ostracisme dont elle est frappée dans les milieux orthodoxes. Les rites tantriques des nâths n'excluent, en effet, aucun aspect de la sexualité : homosexualité, bestialité, nécrophilie sont pratiquées par les adeptes en plus des relations dites normales (mais néanmoins scandaleuses aux yeux des hindous traditionalistes parce qu'elles sont alors le fait de gens qui se disent yogins). Une branche de la secte, implantée dans le sud de l'Inde, atténue quelque peu ces aspects provocateurs : il s'agit des siddhas (ou sittars). Mais chez ces derniers, comme chez les nâths véritables, l'usage des drogues, une intense activité sexuelle, la magie et l'alchimie sont considérées comme une nécessité pour le salut de l'âme prisonnière du cycle indéfini des existences (c'est-à-dire de la transmigration ou samsāra).

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Autres références

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