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YOKOO TADANORI (1936- )

C'est à Nishiwaki, au Japon, que naît, en 1936, Yokoo Tadanori. Les débuts de son activité de graphiste sont marqués par des distinctions importantes : prix du Club des artistes publicitaires japonais, en 1957 ; médailles de bronze et d'argent du Club des directeurs artistiques de Tōkyō, en 1961 et en 1962. Ses premières œuvres marquantes sont réalisées sous l'influence des artistes pop américains, celle de Roy Lichtenstein en particulier.

En 1965 — il a alors vingt-neuf ans —, il annonce sa naissance à une expression graphique nouvelle par une image macabre : à l'occasion d'une exposition personnelle, il réalise une affiche annonçant son suicide. Sur fond de « soleil levant », il se représente au bout d'une corde, une rose à la main ; en bas de la composition, dans la partie gauche, il fait figurer sa photo à l'âge d'un an et demi, pour signifier sa renaissance ; à droite, sur le cliché représentant un groupe d'adolescentes et d'adolescents, il dessine un poing ne laissant dépasser, entre le majeur et l'index, que le pouce, en signe de provocation sexuelle. Le soleil levant, emblème du Japon, qui s'ouvre en éventail derrière chacune des images de l'artiste indique, au-delà d'une déclaration d'appartenance à la communauté nippone, une volonté de rayonnement, d'expansion. C'est donc moins une marque de continuité que le signe d'une recréation permanente. Cette recréation, Yokoo l'accomplit à travers toutes les genèses. Il est comme emporté par un mouvement cosmique qui lui fait évoquer tous les « paradis » religieux. Il peut également, sans la moindre différence de facture, utiliser la mythologie hollywoodienne. Ces emprunts ne correspondent pas à un renoncement à ses racines culturelles : même les affiches qui se caractérisent par une utilisation exclusive des dieux hindouistes, pour lesquels Yokoo Tadanori manifeste une évidente prédilection, ne font pas oublier l'origine de celui qui les a composées. L'artiste déjoue le piège du mimétisme — attitude que l'on considère ordinairement comme typique de l'esprit japonais face au monde extérieur — par un recours insolent, provocateur, au collage. L'appropriation est proclamée.

Souvent, l'état de tension entre les différents éléments de la composition est créé par des espaces vides qui les séparent. C'est d'ailleurs cet écart entre les images dérobées qui devient sa marque distinctive, écart qui signifie à la fois : espace, silence, vide d'où procèdent toutes les formes — notion familière au bouddhisme zen. C'est donc par un vide actif que Yokoo Tadanori proclame la présence d'une identité religieuse qui se donne comme l'origine, la source et l'écrin de toute expression plastique.

Bien que la démarche de l'artiste apparaisse comme très originale, elle n'est pas pour autant solitaire. Yokoo Tadanori appartient à une communauté d'esprits qui compte ou a compté parmi ses membres des hommes comme le poète Takahashi Mutsuro, le romancier Mishima Yukio, le danseur buto Hijikata Tatsumi. De même reconnaît-il comme des égaux les graphistes Fukuda Shigeo, Nagai Kazumasa et Tanaka Ikko, qui eux aussi ont choisi de s'exprimer par le graphisme publicitaire. Il le montre clairement dans une affiche intitulée Graphic Four. Et il semble bien, en effet, que le graphisme publicitaire constitue l'apport le plus original et le plus dynamique du Japon à l'art contemporain.

Depuis 1980, Yokoo Tadanori se consacre plus pleinement à la peinture, mais il continue à participer à de nombreuses biennales dans le monde entier. Maurice Béjart a fait appel à son talent pour les décors du ballet Dionysos (1984). Aux thèmes japonais traditionnels présents dans ses œuvres d'affichiste (le soleil rayonnant ou la vague),[...]

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  • GRAPHISME

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  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

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