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YORUBA ou YOROUBA

Ethnie du Sud-Ouest nigérian, les Yoruba, qui sont au nombre de 25,5 millions environ (19 p. 100 de la population nigériane) en 2005, occupent une situation prédominante dans la région située entre la côte des Esclaves et le fleuve Niger ; ils forment la presque totalité de la population des États de Kwara, d'Oyo, d'Osun, d'Ogun, d'Ondo et de Lagos. Les Yoruba occupent également des zones au Bénin (600 000) et au Togo. Depuis le xve siècle, ils ont constitué une grande partie sinon la majorité des esclaves déportés en Amérique du Sud (Brésil), aux Caraïbes et à Cuba.

Malgré la diversité de leurs activités et de leurs modes de vie, les royaumes yoruba déterminent leur unité par une langue, une culture et une origine communes. Oduduwa, leur ancêtre, fils du dieu suprême, a conquis le territoire au xie siècle et l'a organisé en plusieurs cités : Ife, ville sacrée considérée par les Yoruba comme le berceau de leur civilisation, et siège de l'oni, chef religieux ; Oyo, gouverné par l'alefin, descendant du plus jeune fils d'Oduduwa.

Les Yoruba sont un des rares peuples de l'Afrique noire à avoir élaboré une civilisation urbaine ; en 1826, le capitaine Clapperton dénombrait cinquante-cinq villes dont plusieurs de plus de 20 000 habitants. L'histoire de cette région fut dominée par le royaume d'Oyo qui eut la prééminence sur les autres jusqu'au début du xviiie siècle. Affaiblis par des luttes intestines, les royaumes d'Ilorin et de Old Oyo furent conquis par les Peul respectivement le premier en 1821, le second en 1837.

Les Yoruba possédaient une forte organisation familiale et un appareil politique important. Les familles (ebi) étaient rassemblées au sein de patrilignages (agbole), travaillant une même terre inaliénable. À la tête de chaque cité se trouvait un oba, personnage sacré ne sortant de son palais que voilé. Symboliquement au-dessus des contingences biologiques, il était censé ne pas manger, ne pas boire, ne pas mourir. Il assumait tous les pouvoirs, assisté d'un Conseil d'État (Ogboni) composé de chefs de lignages et de représentants des différentes professions. La religion yoruba comporte un panthéon imposant de quatre cents dieux (orisha), ancêtres des lignages ou esprits des forces de la nature. Elle continue d'exister, malgré la constante progression de l'islam, introduit par les Peul à la fin du xviiie siècle et qui l'emporte sur le christianisme, car il autorise la polygamie et dérange moins l'ordre social traditionnel.

Les principales cultures sont l'igname, le palmier à huile, le cola et le coton. S'y sont ajoutées celles du cacao, du maïs, du manioc, de l'arachide apportés d'Amérique à l'époque de l'esclavage. L'artisanat a toujours été important. Forgerons, potiers (qui utilisent la méthode du colombin), tisserands (hommes et femmes, sur des métiers verticaux et horizontaux), menuisiers... étaient organisés en guildes protégeant leurs intérêts. Les grandes agglomérations, l'emploi de techniques avancées (outils en fer) et l'utilisation d'une monnaie indigène ont fait de la société yoruba une civilisation élaborée : économie diversifiée, métiers spécialisés, commerce important.

Wole Soyinka - crédits : Keystone-France/ Getty Images

Wole Soyinka

Actuellement, les Yoruba participent activement à la vie nigériane tant aux niveaux économique, administratif que culturel (l'écrivain de culture yoruba Wole Soyinka fut le premier Africain à recevoir le prix Nobel de littérature en 1986).

— Roger MEUNIER

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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Média

Wole Soyinka - crédits : Keystone-France/ Getty Images

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