YOUNG WILLIS LESTER dit LESTER (1909-1959)
Ayant débuté comme batteur et saxophoniste alto, Lester Young choisit ensuite le ténor et fait partie de nombreux orchestres, en particulier celui de Count Basie auprès duquel il conquiert la notoriété. À partir de 1940, il forme lui-même un orchestre, puis plusieurs petites formations. Quand tous les saxophonistes ténors se réclamaient de Coleman Hawkins, Lester Young leur tourna le dos et explora une tout autre direction. Sa sonorité « floconneuse » (L. Malson), son timbre feutré scandalisèrent. Cependant, les musiciens les plus ouverts se passionnèrent pour une formulation du swing absolument nouvelle (paresseuse, mais aussi efficace que l'ancienne) et un style d'improvisation qui préférait la libre exploitation des accords à la paraphrase thématique. Cette dernière innovation ouvre la voie aux boppers, qui trouvent aussi chez le « Pres » (le « Président », surnom donné à Lester par Billie Holiday) le modèle d'un découpage rythmique audacieux, décalé par rapport aux barres de mesure, et d'une sollicitation plus entreprenante de l'harmonie, en utilisant, par exemple, les accords de passage. Lester Young imposera encore plus profondément sa marque (décontraction rythmique, goût des sonorités douces et mates, sensibilité blessée) au jazzcool et au néo-classicisme hérité de Count Basie. Souvent décrié, le romantisme californien des années cinquante n'est qu'une énorme révérence au lyrisme à la fois tendre et bouleversant du « Pres », encore qu'il n'en suppose point la détresse profonde. Il n'est pas jusqu'aux disciples avérés de Coleman Hawkins qui n'aient subi, à des degrés divers, l'influence de cet art.
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Écrit par
- Alain GERBER : docteur en psychologie, membre du Collège de pataphysique et de l'Académie du jazz, romancier
Classification
Média
Autres références
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HOLIDAY BILLIE (1915-1959)
- Écrit par Pierre BRETON
- 1 949 mots
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JAZZ
- Écrit par Philippe CARLES , Jean-Louis CHAUTEMPS , Encyclopædia Universalis , Michel-Claude JALARD et Eugène LLEDO
- 10 992 mots
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...aussi, quelques-uns des plus prestigieux solistes du middle jazz : les trompettistes Buck Clayton et Harry Edison, le trombone Dicky Wells et, surtout, le saxo ténor Lester Young, au style à la fois détendu et fermement articulé, et qui, après avoir quitté l'orchestre, devait graver, en 1945, une des...