YS
En breton Ker-Is (de ker, maison et de l'adjectif is, peu élevé). Ys est une ville légendaire, que l'on situe dans la baie de Douarnenez. Au ve siècle, la Cornouaille armoricaine était gouvernée par un roi, Gradlon (Grallon), quelquefois surnommé Meur (le Grand), qui avait de pieux rapports avec Gwenole, le fondateur du monastère de Landevennec situé non loin de Douarnenez. D'après la légende, Ys était défendue contre l'invasion de la mer par un puits ou un bassin immense destiné à recevoir le trop-plein d'eau lors des grandes marées. Il existait à ce réservoir une porte secrète dont, seul, le roi avait la clef. Une nuit, sa fille Dahut, après un banquet donné à son amant, déroba la clef, ouvrit l'écluse, et la ville fut submergée. Cette submersion de Ker-Is est considérée comme un châtiment divin que Gwenole avait prédit. Cette prédiction est le sujet d'une ballade que La Villemarqué a introduite dans ses Chants populaires de Basse-Bretagne.
L'existence de cette ville d'Ys n'a jamais été prouvée. La Villemarqué fait état, ainsi que plusieurs autres, de la mention qu'en aurait faite l'Anonyme de Ravenne (viie s.). Celui-ci mentionne effectivement Chris, localité qu'il situe dans la Britannia in paludibus (la Bretagne-aux-marais) ; mais d'autres manuscrits portent le nom d'Ebris, et, de toute façon, il ne peut s'agir de Ker-Is. Gradlon a bien existé — Marie de France en parle dans ses lais — et Gwenole aussi. Mais le reste est pure légende. On retrouve dans l'histoire de bien des peuples cette croyance en une ville engloutie et, au pays de Galles, on parle également d'un territoire submergé dans la baie de Cardigan, Cantre'r Gwaelod. Au Cornwall, on a trouvé la preuve d'une forte avancée de la mer et l'on y a vu la ville de Lyonesse, que l'on associe avec le roi Arthur. Les Seven Stones, à sept milles à l'ouest du Land's End, sont quelquefois appelés « la Ville » (the Town). On a prétendu découvrir ici et là les « îles de saint Brendan ».
La légende de la ville d'Ys a donné naissance à un opéra en quatre actes d'Édouard Blau, sur une musique de Lalo (1888), qui prend quelques libertés avec la légende.
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Écrit par
- Paul QUENTEL : docteur ès lettres
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