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YUAN ZHEN[YUAN TCHEN](779-831)

Yuan Zhen est souvent cité comme le grand ami de Bo Juyi, et leur amitié est l'une des plus fameuses de l'histoire chinoise, dans un pays où l'amitié a souvent tenu dans les lettres la place de l'amour chez nos poètes. Par lui-même, Yuan Zhen a cependant une personnalité qui mérite qu'on s'y arrête. Enfant très précoce, il passe les examens impériaux à quatorze ans, et à vingt-trois ans, quand il rencontre Bo Juyi, il a déjà composé des centaines de poèmes. Ils sont alors nommés ensemble à la Bibliothèque impériale. En 806, promu à un poste du gouvernement, Yuan Zhen présente un plan en dix points pour réformer l'administration de l'Empire. Cela lui vaut d'être arrêté et, une fois libéré, d'être dégradé. Plus tard, il sera banni dans la vallée du Yangzi pour avoir agi de façon contraire à la constitution. Ce qui lui coûtera le plus dans cet exil, d'après ses poèmes, c'est d'être séparé de son ami Bo Juyi. À part quelques semaines en 815 et quelques jours en 819, c'est seulement de fin 820 à 822 que les deux amis se retrouveront ensemble à la capitale. En 822, Yuan Zhen est pour peu de mois un des grands ministres, mais dans le climat de luttes de factions qui existe à la cour, il est bientôt renvoyé en province. À la fin de 823, Bo Juyi et Yuan Zhen pourront se revoir à nouveau pendant trois jours. Il faudra attendre 829 pour qu'ait lieu leur ultime rencontre.

Ainsi toute la vie de l'un et de l'autre aura été rythmée par ces moments passés ensemble et, pendant leurs séparations, nombreux seront les lettres et surtout les poèmes qu'ils échangeront. Voici un quatrain où toute l'affection de Yuan Zhen pour son ami se révèle. Il est intitulé « J'apprends l'exil de Bo Juyi » :

La lampe s'épuise et sa flamme meurt, l'ombre s'épaissit. / Malade, à demi-mort d'effroi, je m'assieds et je me lève. / Ce soir j'ai appris que tu es exilé à Neuf-Rivières. / Un sombre vent souffle et la pluie entre à la croisée glacée.

La traduction, tout à fait littérale, montre la simplicité de l'expression : il n'y a nulle recherche de métaphore, d'allégorie, de sonorité dans ces vers qui disent tout uniment l'inquiétude et la peine d'un homme à qui le monde environnant est devenu hostile à la mesure du chagrin qui l'atteint. À côté de ce thème de l'amitié, beaucoup de ses poésies expriment, comme chez Bo Juyi, la sympathie du poète à l'égard du peuple misérable, par exemple dans le poème intitulé « Chanson des tisserandes », ou dans sa satire des politiciens avides de richesse et de pouvoir ; ces poèmes sont souvent des chansons populaires du genre ci, qui commence alors à être employé comme un nouveau genre littéraire par les poètes.

Sans doute plus célèbre encore en Chine que sa poésie est l'histoire d'amour que Yuan Zhen nous a léguée sous les titres de La Rencontre avec une déesse ou Histoire de Yingying (Yingying zhuan). C'est l'histoire de deux amants qui ne peuvent se marier parce que le jeune homme n'a pas encore passé les examens impériaux. Pendant les longs mois que le jeune lettré passe à la capitale où il a échoué aux examens, ils échangent des lettres. Mais la jeune femme regrette de s'être donnée à quelqu'un qui l'a abandonnée. Le jeune homme montre les lettres passionnées qu'il reçoit à ses amis et, peut-être effrayé par la trop grande passion et la beauté de son ancienne maîtresse, il décide de rompre. Quelques années après, ils se marient chacun de leur côté et quand, passant dans la ville où elle habite, le lettré essaie de la revoir, la jeune femme refuse de le recevoir et lui adresse un poème où elle lui reproche son infidélité :

Je n'ai pas honte de moi devant les autres, /[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VII, directeur de l'Institut des hautes études chinoises au Collège de France

Classification

Autres références

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    ...avait été enrayée, selon lui, par Chen Zi'ang et Du Fu, dont il salua l'inspiration généreuse. Mais il formula plus nettement qu'eux la tâche à accomplir. Dans une lettre à son ami Yuan Zhen, écrite en terre d'exil à la fin de 815, il exposa quelle avait été jusque-là sa doctrine et répartit son œuvre poétique...
  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

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    ...occidentale [de la maison] (Xi xiang ji) de Wang Shifu (xiie-xiiie s.), dérive de La Vie d'Oriole (Yingying zhuan), un conte en « prose antique » de Yuan Zhen (779-831), l'ami de Bo Juyi, qui narrait les amours d'une jeune veuve nommée Oriole. Le merveilleux joue également dans le théâtre chinois un...