YUN SHOUPING[YUN CHEOU-P'ING](1633-1690)
Le peintre de fleurs
Tout en s'adonnant encore occasionnellement au paysage, Yun Shouping se tourna donc, dans la seconde partie de sa carrière, vers la peinture de fleurs. Il prit pour modèles les peintres Song, en premier lieu Xu Zhongsi (xie s.), le descendant de Xu Xi, l'un des pères de la peinture de « fleurs et oiseaux » sous les Cinq dynasties.
Dans la peinture de fleurs comme dans le paysage, Yun Shouping exécuta de grandes compositions et de petits formats. Les premières, décoratives et brillantes, toujours en couleurs firent sa célébrité. Elles paraissent toutefois un peu sèches, comparées aux petites peintures très spontanées : iris, lotus, fleurs de pêcher et de prunier, tantôt monochromes, tantôt à l'encre rehaussée de couleurs tendres, tantôt suivant la technique « sans os » mogu héritée de Xu Zhongsi. Cette technique consiste à supprimer les contours à l'encre, la forme étant créée par les seuls dégradés des lavis de couleurs légères, rehaussés de lignes colorées (tiges, nervures des feuilles). Yun Shouping utilise la couleur dans un sens nouveau pour la peinture chinoise : les surfaces colorées se chevauchent, les tons dégradés se marient subtilement, créant des effets de volume très réalistes. Les Radis (feuille 3 de l'Album de dessins d'après nature, 1685, Gugong, Taipei), ou les Bégonias (feuille 6 de l'Album de fleurs et plantes, 1689, ibid.), œuvres des dernières années de l'artiste, constituent des exemples – parmi beaucoup d'autres – de l'équilibre réalisé entre le coup de pinceau abrégé, rappelant parfois Shen Zhou (1427-1509), et la touche subtile et détaillée du coloriste.
Dans la peinture de fleurs, Yun Shouping rejette les recettes de ses prédécesseurs. Surtout, il n'apprécie pas l'art de ses homologues de la dynastie précédente, Chen Shun (1483-1544) et Lü Ji (1495-1544), dont il dit : « Ils paraissent avoir pensé que l'art consiste à altérer la nature : moi, à l'inverse, je crois que c'est seulement en poussant la représentation réaliste jusqu'à ses ultimes limites que l'on peut transmettre l'essence d'une fleur. »
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Caroline GYSS : chargée de recherche au CNRS, directrice du programme Religion et société en Chine au Groupe de sociologie des religions et de la laïcité
Classification
Média