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ALLÉGRET YVES (1907-1987)

Dans l'immédiat après-guerre, les cinéastes abordent une réalité sociale dont ils avaient dû se détourner. En France, le « réalisme poétique » vire au noir et adopte les couleurs poisseuses de nouveaux décors : villes mélancoliques, ports brumeux où les destins se scellent définitivement. C'est dans ce contexte que le cinéaste Yves Allégret tourne Dédée d'Anvers (1948), Une si jolie petite plage (1949) et Manèges (1950), moments forts d'une carrière discrète mais très significative d'un courant du cinéma français.

Né en 1907, Yves Allégret, après des études de droit, va suivre la carrière de son frère Marc (Lac aux dames, Entrée des artistes). D'abord membre du groupe Octobre formé autour de Jacques Prévert, il est tour à tour l'assistant cinématographique d'Alberto Cavalcanti, d'Augusto Genina, de Jean Renoir et de son frère pour Mamzelle Nitouche – dont il tournera une seconde version en 1953. Il réalise son premier film en 1940, en zone libre : de Tobie est un ange, avec Pierre Brasseur et la jeune première de l'époque, Janine Darcey, il n'existe plus aucune trace, le film ayant été détruit dans un incendie. Yves Allégret enchaîne avec une comédie, Les Deux Timides (1941), interprétée par Pierre Brasseur et Claude Dauphin. Aux studios de la Victorine, il reprend le tournage – abandonné par Jean Choux – de La Boîte aux rêves (1943), spécialement écrit pour Viviane Romance. Mais ce n'est qu'à son retour à Paris, en 1945, qu'Allégret affirme sa réputation naissante grâce au film Les Démons de l'aube (1946), interprété par Simone Signoret, qu'il épouse et avec laquelle il tourne un des films les plus représentatifs de leurs carrières respectives : Dédée d'Anvers. Yves Allégret entame ainsi avec le scénariste Jacques Sigurd une collaboration marquante, qui se poursuivra avec plusieurs autres films, dont notamment Une si jolie petite plage et Manèges. Ces trois œuvres ont en commun la réussite d'un travail d'équipe, l'exploitation intelligente d'un décor et la description de trois beaux portraits de femme, que Simone Signoret et Madeleine Robinson rendent tour à tour cruels, désespérés, mais généreux et peu manichéens. Le personnage de Manèges aurait pu être odieux et terriblement misogyne. Simone Signoret lui confère au contraire une sensualité singulière, merveilleusement servie par des dialogues peu complaisants et même très critiques à l'égard du nouvel ordre social qui s'est établi après la Libération. Dans les années 1950, Yves Allégret signe encore quelques œuvres estimables mais qui, surtout vers la fin de la décennie, entrent dans la catégorie des films « de série », voire de commande. Il dirige toujours de grands comédiens : Jean Marais dans Les miracles n'ont lieu qu'une fois (1951) et Nez-de-cuir (1952), adaptation du roman de Jean de La Varende, Danièle Delorme dans La Jeune Folle (1952) et surtout, en 1953, Michèle Morgan et Gérard Philipe dans Les Orgueilleux, d'après un scénario de Jean-Paul Sartre, Typhus, que ce dernier désavoua par la suite. Le film est représentatif de cette « qualité française » qui jette ses derniers feux et se trouve vivement contestée par une nouvelle vague de critiques qui introduisent la notion de « cinéma d'auteur ». Le réalisateur passe au Cinémascope avec deux films également ambitieux : Oasis (1954), avec Michèle Morgan, et La Meilleure Part (1956), avec Gérard Philipe. La critique sociale est toujours aussi forte mais perd de son impact dans ce nouveau système de production. Allégret s'essaie alors au film policier, genre très prisé en cette fin des années cinquante, et tourne des adaptations de J. H. Chase (Méfiez-vous fillettes, 1957) ou de séries noires à la française : Quand la femme s'en[...]

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  • SIGNORET SIMONE (1921-1985)

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    ...du paradis (1945) de Marcel Carné, Adieu Léonard de Pierre Prévert (1943), La Boîte aux rêves (1943) et Les Démons de l'aube (1946) d' Yves Allégret, son premier mari et le père de la comédienne Catherine Allégret. Macadam, où elle interprète le rôle d'une prostituée sous la direction...