BAUDRIER YVES (1906-1988)
Le nom du compositeur français Yves Baudrier reste associé à ceux d'André Jolivet, d'Olivier Messiaen et de Daniel-Lesur, avec lesquels il avait formé le groupe Jeune France en 1936.
Né à Paris le 11 février 1906, Yves Baudrier fait des études juridiques et philosophiques avant de se consacrer à la musique. Son principal professeur est l'organiste du Sacré-Cœur, Georges Loth ; mais il est surtout autodidacte. Il joue un rôle déterminant dans la rédaction du manifeste de la Jeune France en 1936, prônant un retour aux valeurs humaines et expressives de la musique par réaction contre les courants abstraits alors à la mode, notamment le néo-classicisme. Il s'engage totalement dans ce nouveau mouvement, au sein duquel il fait figure de théoricien et auquel il consacre une partie importante de ses ressources personnelles pour organiser les premiers concerts Jeune France. En 1936, il compose son premier poème symphonique, Raz de Sein, qui révèle déjà son attirance pour la Bretagne et la mer. Un an plus tard, il s'affirme avec une partition pour un film imaginaire, Le Musicien dans la cité, qui retrace les impressions du compositeur sillonnant les rues de Paris. Paul Griffiths en a comparé les douze mouvements à ceux des Tableaux d'une exposition de Moussorgski. Cette œuvre, remaniée en 1947, fera l'objet d'une nouvelle version en 1964 pour une émission télévisée.
Après la guerre, Baudrier se consacre à l'enseignement et passe notamment une année aux États-Unis (1946). Mais sa voie véritable se situe dans le domaine cinématographique : il participe à la fondation de l'I.D.H.E.C., où il enseigne entre 1945 et 1965, et s'impose comme l'un des grands compositeurs de musiques de films de son temps : La Bataille du rail (1945) et Les Maudits (1947), de René Clément, Château de verre (1950), Le Monde du silence (1955) de Jacques-Yves Cousteau (avec Louis Malle). Son œuvre destinée au concert est marquée par la sincérité, une grande clarté d'expression, le refus des systèmes pour rester ouvert à tous les moyens d'expression, et un sens de la peinture dans l'esprit français du xviiie siècle : « Le problème est d'abord d'ordre spirituel, puis psychologique, enfin technique. » Il est l'auteur de deux quatuors à cordes (1940 et 1961, le second sous-titré « Autour de Mallarmé »), de La Dame à la Licorne, pour piano (1936), dont il a effectué une orchestration, et de plusieurs partitions symphoniques : Eleonora, suite pour ondes Martenot et orchestre de chambre d'après Edgar Poe (1938), Le Grand Voilier, poème symphonique (1939), Symphonie (1944, créée par Roger Désormière en 1945), Prélude à quelque sortilège (1953), Partition trouvée dans une bouteille (1963). On lui doit également deux séries de mélodies sur des poèmes de Tristan Corbière (1944 et 1960), une Cantate de la Pentecôte (1952), dont il a signé la partition avec Marius Constant et Manuel Rosenthal, et un Credo adjuva Domine... (1960). De santé précaire, Yves Baudrier avait pratiquement cessé de composer depuis le milieu des années 1960. Il est mort à Paris le 9 novembre 1988.
On pourra consulter : S. Gut, Le Groupe Jeune France, H. Champion, Paris, 1984.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Autres références
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DANIEL-LESUR DANIEL JEAN-YVES LESUR dit (1908-2002)
- Écrit par Alain PÂRIS
- 901 mots
Le nom de Daniel-Lesur reste associé à ceux d'Olivier Messiaen, André Jolivet et Yves Baudrier, avec lesquels il fonda le groupe Jeune France. Mais il fut aussi, au côté de Marcel Landowski, l'un des bâtisseurs de la vie musicale française à partir des années 1960.
De son véritable...
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JEUNE FRANCE GROUPE, musique
- Écrit par Alain PÂRIS
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Les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale ont vu la plupart des compositeurs réagir contre les courants esthétiques qui avaient marqué la fin du xixe siècle et le début du xxe, essentiellement contre le wagnérisme et l'impressionnisme. Chacun à leur façon, Stravinski, Satie, le...