CONGAR YVES (1904-1995)
Le concile Vatican II
Il peut venir s'installer à Strasbourg en 1956, grâce à l'intercession de l'évêque du lieu, Mgr Weber. Il y reprend progressivement sa vie de travail, mais pas son enseignement. Aussi est-il fort surpris d'apprendre sa nomination comme consulteur de la commission théologique préparatoire au concile Vatican II, en 1960. Alors commence pour lui l'aventure de sa vie. Aggiornamento de l'Église pour hâter l'unité des chrétiens : les deux axes du projet de Jean XXIII coïncident exactement avec les deux branches indissociables de sa vocation, ecclésiologie et œcuménisme. Avec toute sa science, toute son ardeur au travail, mais aussi son sens du possible, le père Congar se lance à corps perdu dans l'élaboration du corpus conciliaire, dont il est un des principaux rédacteurs (Constitution sur l'Église notamment).
Théologien d'un concile qu'il n'attendait pas, le père Congar en devient aussitôt l'un des principaux exégètes, mais pas un gardien du temple. Désarmé, comme nombre de ses confrères théologiens, par les remous qui secouent le catholicisme dès la fin des années 1960, il ne se crispe pas sur ce qui pouvait devenir à ses yeux une nouvelle orthodoxie. Sans faire sienne la virulence des contestataires, il s'efforce de la comprendre et de lui éviter les foudres que lui-même a connues. Une telle mansuétude lui a probablement coûté le chapeau de cardinal, en 1969 ; chapeau qu'il n'obtient, par une sorte de compensation justifiée mais tardive, qu'en 1994. Il est alors cloué sur un lit de souffrance depuis des années par la maladie neurologique à évolution lente qui a fini par l'emporter le 22 juin 1995.
À bien des égards, la vie du père Congar paraît emblématique de ce que fut la condition des penseurs catholiques au xxe siècle ; de ceux du moins qui ne se sont pas contentés de la fin de non-recevoir envers les attentes de leur temps signifiée par la condamnation pontificale du « modernisme » en 1907. D'abord suspects de retomber subrepticement dans l'erreur, ils sont logiquement devenus les principaux agents d'un aggiornamento qu'ils appelaient de leurs vœux depuis longtemps, avant de se diviser sur ses effets, au grand vent de la crise.
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Écrit par
- Étienne FOUILLOUX : professeur des Universités, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière
Classification
Autres références
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JOURNAL D'UN THÉOLOGIEN. 1946-1956 (Y. Congar)
- Écrit par Christian HERMANSEN
- 1 047 mots
Depuis le décès du frère dominicain Yves Congar (1904-1995), le gros livre réalisé avec l'aide de quelques collaborateurs par Étienne Fouilloux, professeur d'histoire contemporaine à l'université Louis-Lumière-Lyon II, doit être considéré comme un témoignage précieux pour l'historiographie catholique...