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MEYER YVES (1939- )

Contre le cloisonnement

Yves Meyer a toujours pratiqué un certain style de recherche, préférant la résolution de problèmes précis, l’étude d’objets ou de propriétés mathématiques remarquables, plutôt que la construction de grandes théories abstraites. Il a acquis, lors de sa jeunesse en Tunisie, une forme d’esprit nomade, le désir d'aller de problème en problème, et de lieu en lieu, sans se sentir jamais attaché. Il aime s'attaquer directement « à mains nues » à un nouveau problème, sans lire la littérature déjà existante. Yves Meyer a partagé sans compter ses idées et ses intuitions, en particulier avec ses doctorants (il en a eu une cinquantaine). Il a apporté une aide majeure à la construction de la jeune école d’analyse en Espagne, si bien que les mathématiciens de ce pays le considèrent comme l’un des leurs. Il a montré que des idées profondes, qui se sont avérées pertinentes sur des problèmes mathématiques extrêmement théoriques, peuvent conduire à des applications spectaculaires. Il s’est aussi trouvé au centre d’un réseau où intervenaient des scientifiques issus de très nombreuses disciplines, et le succès des recherches sur les ondelettes, dont il a été le moteur, est la preuve que le cloisonnement entre les disciplines scientifiques s'est effacé. Il a d'ailleurs conclu l'exposé scientifique qu'il a donné le lendemain de la remise du prix Abel en expliquant que la vieille hiérarchie des sciences d'Auguste Comte (où les mathématiques se trouvaient au sommet) fait place aujourd’hui à un orchestre au sein duquel les différentes disciplines se répondent et jouent en harmonie.

— Stéphane JAFFARD

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Écrit par

  • : professeur d'Université, professeur de mathématiques, université Paris-Est Créteil Val de Marne

Classification

Média

Yves Meyer - crédits :  Stéphane Jaffard

Yves Meyer