TANGUY YVES (1900-1955)
Le peintre Yves Tanguy est surréaliste en silence. Ainsi pourrait-on – en adaptant la formule appliquée par André Breton à quelques ancêtres du surréalisme – saisir le lien exclusif qui unit ce peintre taiseux au mouvement artistique le plus volubile du xxe siècle. Et c'est avec une inégalable économie qu'il fit valoir, dans une de ses rares interventions, à quelle stratégie élémentaire son art obéissait : « Je n'attends rien de ma réflexion, mais je suis sûr de mes réflexes. » De fait, la peinture de Tanguy invite peu à la spéculation, et bien plus à une attente indéfinie dont l'objet ne serait pas encore tout à fait sorti des limbes. Aussi Breton a-t-il pu dire, au sujet de ses « paysages » peuplés de formes embryonnaires, qu'ils donnaient le « premier aperçu non légendaire [de la] genèse [du] monde mental ».
Révélations et rencontres
Fils d'un capitaine au long cours, Yves Tanguy est né au ministère de la Marine, à Paris. Pilotin à dix-huit ans, il compromet définitivement sa carrière en se liant avec Jacques Prévert, en 1920, à la caserne de Lunéville. Libérés en 1922, les deux hommes écument les librairies parisiennes et découvrent chez Adrienne Monnier Les Chants de Maldoror de Lautréamont, puis la revue La Révolution surréaliste, organe du mouvement fondé en 1924 par André Breton. La première révélation poétique de Tanguy aura pourtant lieu devant une toile de Giorgio De Chirico, aperçue en 1923 rue La Boétie. Il prend alors la décision de peindre.
Ses premières toiles, datées de 1925, présentent des paysages urbains aux perspectives bancales, réalisés dans un style à la fois expressionniste et naïf (La Rue de la Santé, The Museum of Modern Art, New York ; Le Pont) mais aussi des compositions dictées par sa fantaisie (Globe terrestre, Portrait de l'artiste, Le Phare). La même année, Tanguy et Prévert rencontrent les surréalistes Robert Desnos, Georges Malkine, André Masson, Benjamin Péret et Louis Aragon ; puis Tanguy rend une première visite à Breton, en compagnie de Marcel Duhamel. La maison du 54, rue du Château – où les trois hommes se sont installés, avec leurs compagnes, aux abords de Montparnasse – devient le premier lieu de réunions du mouvement. Yves Tanguy s'y adonne alors au dessin automatique, au « cadavre exquis », ainsi qu'au collage (il complète ses toiles avec des fils, allumettes, morceaux de papier ou de carton). Toutefois, il abandonne rapidement jeux et procédés au profit d'une activité essentiellement picturale.
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Écrit par
- Catherine VASSEUR : docteur en histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Autres références
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