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TANGUY YVES (1900-1955)

« Modèle intérieur » et engagement surréaliste

Entre 1925 et 1929 se met en place le cadre formel de ses futures compositions. Les objets identifiables encore présents en 1926 dans Genèse ou L'Orage (Philadelphia Museum of Art) cèdent la place à des formes innommables, flottantes, ou au contraire fortement soumises à l'attraction terrestre (ce dont témoignent leurs ombres portées), dans un espace dont la vacuité n'a d'égale que l'indétermination (Terre d'ombre, 1927, The Detroit Institute of Arts, ou Tes bougies bougent, 1929). Si cette peinture est placée sous l'égide de l'automatisme (Tanguy détourait les motifs apparus dans ses tableaux à partir de taches de couleurs posées préalablement sur la toile), son exécution reste soumise à la plus grande – et longue – méticulosité. Loin des séismes graphiques d'un Masson ou des facéties expérimentales d'un Ernst, la conformation de l'œuvre au « modèle intérieur » prôné par Breton obéit ici à un processus de lente distillation.

Dès 1927, les premières œuvres de Tanguy sont exposées à la Galerie surréaliste. À cette occasion, Breton écrit une préface, qu'il intégrera en 1928 à son essai sur Le Surréalisme et la peinture. Dès lors, Tanguy participera à tous les projets initiés par le groupe – qu'ils soient ou non d'ordre artistique. Il collabore ainsi aux Recherches sur la sexualité (1928-1932), publie dans Le Surréalisme au service de la révolution (no 1, juillet 1930) un texte accompagné de dessins, « Poids et couleurs », qui constitue son apport à l'élaboration d'une poétique surréaliste de l'objet, et participe la même année à une exposition de collages présentée à Paris à la galerie Goemans, puis produit, en 1934, pour la brochure Qu'est-ce que le surréalisme ?, des dessins fabriqués à partir d'illustrations du dictionnaire. Il contribue à l'Exposition surréaliste d'objets organisée à la galerie Charles Ratton en 1936, en présentant De l'autre côté du pont, et publie des Décalcomanies dans le no 8 de la revue Minotaure, en juin de la même année.

Mais c'est en qualité de peintre qu'il laissera sa plus forte empreinte dans le mouvement. En introduisant Victor Brauner et Jacques Hérold dans le groupe, en 1933, il préparait le « retour marqué à l'automatisme » que Breton célébrera en 1939 (consommant ainsi sa rupture avec Dalí), avec l'apparition des jeunes peintres Wolfgang Paalen, Esteban Francés, Gordon Onslow-Ford et Roberto Matta. Tanguy passe d'ailleurs l'été de 1939 en compagnie des trois derniers à Chemillieu, dans l'Ain. C'est là qu'il rencontre Kay Sage, peintre américain, résidant à Paris depuis 1937, dont, avec Breton et Nicolas Calas, il admirait le travail. Dès septembre, il la rejoint aux États-Unis.

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Écrit par

  • : docteur en histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Autres références

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