CHAUVIRÉ YVETTE (1917-2016)
Une carrière internationale pour une artiste multiple
En désaccord avec le fonctionnement de l'Opéra de Paris et soucieuse de répondre aux sollicitations internationales, Yvette Chauviré quitte plusieurs fois cette institution (entre 1946 et 1947 puis entre 1949 et 1953, avant d'obtenir un contrat d'étoile invitée en 1957) pour se produire sur les scènes du monde entier, avec diverses compagnies. C’est ainsi qu’en 1946 elle rejoint Serge Lifar aux Nouveaux Ballets de Monte-Carlo, qui sont alors programmés dans de nombreux théâtres européens. De Lifar toujours, elle crée notamment ChotaRoustaveli(1946),avec des décors du peintre Constantin Nepo (son compagnon),etNautéos(1947). Revenue avec Lifar à l'Opéra de Paris en septembre 1947, Yvette Chauviré contribue grandement aux triomphes des premières tournées de l'Opéra aux États-Unis en 1948 et en Union soviétique en 1958. Une fois libérée des contraintes de l'Opéra, elle danse aussi bien à Rio de Janeiro, Le Caire, Stockholm, Johannesburg ou Berlin. Mais elle est surtout plébiscitée par le Ballet du Théâtre Bolchoï de Moscou, le London Festival Ballet et le Royal Ballet de Londres, ainsi que la Scala de Milan, autant de compagnies qui lui offrent la possibilité de danser de grands ballets classiques (Le Lac des cygnes, Coppélia, Sylvia, La Belle au bois dormant) qui ne figurent pas à cette époque au répertoire de l'Opéra de Paris. Dans le cadre des Ballets des Champs-Élysées, Victor Gsovsky règle pour elle le Grand Pas classique (1949). À Berlin, Tatiana Gsovsky lui crée La Dame aux camélias (1957)sur une musique originale de Henri Sauguet.
En tant que chorégraphe, elle donne sa version de Giselle (1950), de Roméo et Juliette (1951), du Cygne (1953) et de La Péri (1955).
Parallèlement à son métier de danseuse et chorégraphe, Yvette Chauviré a connu le succès à l’âge de vingt ans avec un premier film, La Mort du cygne, du réalisateur Jean Benoît-Lévy. Deux autres longs-métrages ont suivi : Péchés de jeunesse de Maurice Tourneur en 1941 et Carrousel fantastique d’Ettori Giannini (avec des chorégraphies de Léonide Massine) sorti en 1954. En 1976, elle joue également au théâtre dans Amphitryon 38, une pièce de Jean Giraudoux. Douée pour le dessin depuis son enfance, elle a aussi créé quelques costumes de scène.
Yvette Chauviré fut aussi une grande pédagogue. À l’Opéra de Paris, elle imposa un travail singulier, suggérant notamment aux danseurs de ne plus se regarder dans le miroir, afin de ne pas proposer une vision purement frontale de la danse. Sa transmission des grands rôles du répertoire aux solistes de l'Opéra est immortalisée par un documentaire, Yvette Chauviré, une étoile pour l'exemple (1988) de Dominique Delouche.
Yvette Chauviré est décédée à Paris le 19 octobre 2016, à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans.
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Écrit par
- Ariane DOLLFUS : journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média
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