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Z, film de Constantin Costa-Gavras

Film policier

Film politique, Z emprunte sa construction au roman policier à suspense. Le récit de la recherche des coupables, rythmé par des dépêches qu'un grondement de téléscripteur délivre sur l'écran, allie une direction d'acteurs prestigieuse et un montage de précision. L'universalité de son propos le transforme en plaidoyer pour la justice. Mais il s'agit de dévoiler les mécanismes de crimes politiques. Par exemple, le rôle clé du journaliste (incarné par Jacques Perrin également coproducteur du film) est d'apporter des preuves nouvelles au juge (Jean-Louis Trintignant) pour dénouer l'intrigue policière. Le réalisateur confronte deux figures, celle du juge honnête et de l'enquêteur incorruptible face aux manipulations glauques du pouvoir. Costa-Gavras saisit les individus dans toutes leurs complexités (corruption, collusion, provocation, machination...), au cœur d'une enquête qui les dépasse. Z ne fait pas que restituer un moment d'histoire en décrivant toutes les imbrications et complicités mais il correspond à un réel travail de démystification à trois niveaux : les faits réels, la révélation des mensonges et la reconstitution de la vérité par le juge. Chaque niveau suppose une montée progressive du terrorisme d'État, de l'angoisse et de la prise de conscience. Les constats de l'enquête permettent ensuite de déchiffrer à l'aide de flash-back le fil de la machination pour, au final, élucider l'énigme. Si l'histoire rejoint la réalité grecque, elle dépasse l'aspect purement politique de départ. Le réalisateur reconstruit l'ensemble d'un puzzle qui met en lumière les compromissions d'un système devenu implacable. Fondé sur la force des faits, Z épouse la rigueur d'un constat impartial mettant en avant l'engagement individuel et moral.

Cette approche nouvelle du policier n'est pas sans rappeler le cinéma de Francesco Rosi, dans Main basse sur la ville (Le Mani sulla città, 1963) qui dévoile peu à peu les fragments d'une intrigue historico-policière pour recomposer un univers réel. Les dénonciations de la raison d'État, l'Aveu (1970), État de siège (1973), Section spéciale (1975) et Missing (1982) resteront au cœur de l'œuvre de Costa-Gavras.

— Kristian FEIGELSON

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Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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    • Écrit par
    • 1 075 mots

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