Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ZAFARRAYA, site préhistorique

Le site de Zafarraya est un des sites clés pour la compréhension du passage du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur en Europe. Il est situé à l'extrême sud de l'Espagne, dans le nord-est de la province de Malaga. C'est une cavité karstique ouverte à 1 100 mètres d'altitude. Une galerie latérale, orientée nord-sud, dont le remplissage a été affecté par des phénomènes de cimentation, a été fouillée de 1980 à 1983. Cinq couches principales ont alors été définies près de l'entrée actuelle. Un essai de corrélation avec le site de Carigüela (province de Grenade) suggérait un âge tardif des dépôts moustériens à Zafarraya. Des restes humains attribués à des Néandertaliens ont été aussi mis au jour. Devant l'intérêt de ces découvertes, des fouilles beaucoup plus importantes ont été menées de 1990 à 1995, sous la direction de Cecilio Barroso-Ruiz et de Jean-Jacques Hublin. La fouille a été étendue à distance de l'entrée, dans la partie nord de la galerie, faiblement affectée par les phénomènes de cimentation des sédiments.

Tout au long de la stratigraphie fouillée, le site a livré une industrie moustérienne typique à débitage Levallois. On y rencontre des racloirs, des pointes, des denticulés. Toutefois, cette industrie essentiellement façonnée sur une matière première locale comporte peu de pièces retouchées. La rareté des produits de débitage et des esquilles indique que cet outillage a été pour l'essentiel apporté dans le site et non produit sur place. Les restes de faune montrent la forte prédominance d'une espèce appartenant à la famille des Bovidés : Capra ibex pyraneica (plus de 90 p. 100 des éléments identifiés). Ce bouquetin fréquente toujours la région. Il semble que cette espèce a pu être largement exploitée par l'homme. Cependant une partie de l'accumulation est due aussi à l'activité des carnivores, dont la liste indique une grande variété (panthère, lynx, chat sauvage, ours, cuon, renard). L'abondance relative des restes de rapaces, parfois de grande taille, et l'importance de la faune par rapport à l'industrie lithique suggèrent aussi une utilisation sporadique de la grotte par les hommes. Zafarraya a été essentiellement un lieu de campement temporaire pour des chasseurs, rapidement réoccupé par les fauves après le départ de l'homme.

Mis à part une série de dents isolées, l'ensemble des restes humains livrés par la grotte provient d'une zone restreinte proche de l'entrée actuelle de la cavité. Ils ont été découverts autour ou à l'intérieur d'un foyer clairement mis en évidence dans la couche D. Un fragment de mandibule porte des traces de crémation. Une autre mandibule très bien conservée ne montre pas de menton osseux mais présente un grand espace entre la troisième molaire et la branche montante de la mandibule, un fort développement latéral du condyle articulaire, un fort développement antérieur de la denture. Un important fragment de fémur présente des parties corticales épaissies, un élargissement latéral de la diaphyse et un pilastre faiblement développé. Un os pubien de jeune adulte de sexe masculin possède un rameau supérieur mince. Tous ces caractères anatomiques rapprochent les hommes de Zafarraya des Néandertaliens européens « classiques » datés entre 80 000 et 40 000 ans B.P. Aucun caractère d'Homme moderne ne peut être mis en évidence de façon démonstrative.

L'intérêt du site de Zafarraya résulte surtout des datations radiocarbone et uranium-thorium qui y ont été obtenues pour plusieurs niveaux archéologiques. Ces datations sont en accord entre elles et en conformité avec la stratigraphie. Malgré leur précision limitée, elles démontrent, dans le sud de la péninsule Ibérique, la persistance de Néandertaliens au moins au-delà de 35 000 ans B.P.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'archéologie d'Athènes, docteur ès lettres, professeur de civilisation grecque à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification