ZAGREB
Capitale de la Croatie, Zagreb compte 779 145 habitants (2004). Elle a acquis son statut tardivement : les premières capitales croates furent les villes de la côte dalmate (Knin, Biograd ou Šibenik). Au xie siècle, la ville est connue comme évêché et le premier document qui la décrit comme la principale ville croate date du xvie. Ses fonctions de capitale étaient contestées par la domination hongroise, même si le Parlement (Sabor) s'y réunissait sporadiquement.
Zagreb s'est développée au pied du mont Medvednica (1 035 m) et dans la vallée de la Save. Les différentes époques de développement de la ville se lisent comme des couches successives, du nord au sud. Le noyau médiéval occupe deux collines, Kaptol, avec la cathédrale et Gradec, ville bourgeoise et commerçante. La ville moderne ou « ville basse » s'est développée au pied de ces deux collines, dans la vallée de la Save canalisée, d'axe est-ouest. Son extension était limitée au sud par la voie ferrée, construite en 1869. La ville basse a fait l'objet d'un plan d'aménagement dès 1857, si bien que les rues se coupent à angle droit et que les places, jardins et parcs ont eu leur place dès l'origine. L'architecture des bâtiments publics construits alors – musées, théâtre national, académie des arts et des sciences – est d'inspiration hongroise. L'industrialisation de la ville et l'exode rural firent passer le nombre d'habitants de 18 900 en 1869 à 108 700 en 1921. Zagreb se dote alors de quartiers ouvriers hors de toute planification, plus au sud, soit entre la Save et la voie ferrée. La ville contemporaine (Novi Zagreb) s'étale vers le sud, au-delà de la Save. Fruit d'un urbanisme communiste planifié à partir des années 1950, elle se caractérise par des quartiers d'habitat sous forme de grands ensembles faiblement reliés au centre du xixe siècle.
Depuis l'indépendance du pays en 1991, Zagreb est passée du statut de capitale de république fédérée yougoslave à capitale d'État indépendant. Capitale totale, elle en concentre actuellement tous les attributs : siège politique, elle est aussi un pôle économique et culturel. Économiquement, Zagreb était un centre industriel, notamment dans les filières de l'électricité, de la chimie, de la pharmaceutique, du textile et de l'agroalimentaire. Depuis 1991, elle s'est désindustrialisée, laissant parfois des friches au milieu du tissu urbain, au profit des services marchands. Elle concentre ainsi plus de la moitié des sociétés financières du pays. Les zones commerciales se multiplient, parfois sur d'anciens sites industriels. Le premier centre commercial et le premier hypermarché ont été ouverts en 1995 ; dix ans après on en compte plus de vingt. Zagreb s'emploie aujourd'hui à s'affirmer de nouveau comme centre culturel de haut niveau, ce qu'elle fut longtemps, son rôle politique lui ayant été refusé sous la période hongroise et le début de la période yougoslave : achèvement de la nouvelle Bibliothèque nationale, réouverture et modernisation de musées, organisation de rencontres et salons internationaux. Son université, créée en 1669, forme 50 000 étudiants par an dans vingt-trois facultés et trois académies d'art.
Mais la ville souffre de sa position excentrée à l'échelle du pays et à celle du continent. Elle est située géographiquement plus près de la frontière avec la Slovénie et la Hongrie que des autres grandes villes du pays, Rijeka, Osijek et Split. Ce handicap a été partiellement dépassé grâce à l'achèvement du système autoroutier en 2004. Les autoroutes la relient également à Belgrade, capitale de la Serbie et surtout à Ljubljana, capitale de la Slovénie, et, au-delà, à l'Europe centrale à laquelle le pays aspire à se rattacher.
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Écrit par
- Emmanuelle CHAVENEAU : docteur en géographie
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