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ZANDÉ ou AZANDÉ

Installés sur les confins de la République démocratique du Congo, du Soudan du Sud et de la République centrafricaine, les Zandé, ou Azandé, correspondent à un groupe ethnolinguistique de près de 4 millions d'individus à la fin des années 1990. Ils ne forment pas un peuple à proprement parler. Il s'agit plutôt aujourd'hui de tribus vaincues, organisées et encadrées par une aristocratie militaire qui leur a imposé la langue et les coutumes zandé. L'origine des Zandé est hypothétique. Ils seraient venus de la région du lac Tchad et auraient vécu dans la région de Bangassou, où les Nzakara seraient leurs descendants, avant de s'établir entre les fleuves Ouellé et Bomou. Passant autrefois pour anthropophages, ils étaient parfois désignés sous le nom de Niam-Niam.

La société zandé se divise en deux classes très contrastées : les seigneurs (appelés bandja dans l'Ouest et avoungoura dans l'Est) et les serfs. Les Zandé ont vaincu par les armes de nombreux petits peuples dispersés et faibles. Dès qu'un peuple était vaincu, un avoungoura était placé à la tête de la tribu, l'ancien chef ne conservant que ses attributions religieuses. L'avoungoura est chargé d'établir un impôt sur les récoltes et sur l'ivoire, de rendre la justice et surtout d'organiser une armée locale pour razzier les populations voisines non encore soumises. Cette forte organisation militaire explique la rapide expansion d'une petite minorité de conquérants.

Dès le milieu du xixe siècle, les Zandé sont entrés en contact avec les commerçants arabes à la recherche d'ivoire et d'esclaves. Afin de renforcer leur potentiel militaire, les Zandé recevaient en échange des fusils. La traite a ravagé le sud du Soudan et les régions de l'Oubangui et de l'Ouellé pendant un demi-siècle, vidant cette zone de sa population. Après avoir reconnu la souveraineté de l'Égypte en 1879, les sultans zandé ont combattu les colonnes belges avant d'être eux-mêmes vaincus en 1896. Ils ont ensuite pratiqué une politique de collaboration avec l'autorité coloniale, ce qui leur a permis de maintenir leur ascendant sur leurs sujets.

Les filles étaient mariées très jeunes et parfois fiancées quelques heures seulement après leur naissance. Les hommes du peuple n'avaient pas le droit de se marier au sein de leur clan ; mais il arrivait que des nobles se marient avec des parentes même très proches, comme des demi-sœurs du côté paternel ou leurs propres filles. Chaque clan patrilinéaire est associé à un totem, et les Zandé croient qu'à la mort d'un homme l'une des deux âmes dont il est crédité, l'âme du corps, se transforme en l'animal totem de son clan.

— Roger MEUNIER

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  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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