ZAPOTÈQUES
La fondation de Monte Albán
Monte Albán, Oaxaca
Craig Lovell/ Corbis Documentary/ Getty Images
Selon Blanton (1978), les conflits régionaux étaient devenus si importants que, pour les résoudre, les habitants des diverses branches de la vallée auraient décidé l'instauration d'une capitale confédérale. Bien que les archéologues retiennent la date de 500 avant J.-C. comme étant celle de la fondation de Monte Albán, ils ne s'accordent pas sur les causes. Deux autres théories viennent s'opposer à celle de Blanton. D'après Sanders et Nichols (1988), San José Mogote et les sites voisins, comme Huitzo, se seraient alliés pour édifier cette capitale afin de mieux contrôler les ressources et incorporer graduellement les villages de la vallée à ce nouveau pouvoir. Mais il est curieux de constater que San José Mogote continue à fonctionner au lieu d'être abandonné au profit de la nouvelle cité. Cela conduit à l'hypothèse proposée par Winter (1997), selon laquelle ce sont plutôt les villages dispersés du centre de la vallée qui sont à l'origine de l'édification de Monte Albán. Ils chercheraient à exploiter les ressources locales et à les protéger de la mainmise des centres rivaux, comme Huitzo ou San José Mogote. De futures recherches nous renseigneront à ce sujet, car l'état actuel des connaissances ne permet pas de trancher entre les trois hypothèses.
La nouvelle capitale zapotèque compte de nombreux atouts : sa position défensive sur un éperon rocheux, dominant la vallée d'une hauteur de 350 mètres ; sa situation centrale au confluent des trois vallées ; et des terres riches en ressources comme le bois, le gibier et les carrières. Après la fondation de Monte Albán, dans la région voisine de la Mixteca, plusieurs centres urbains d'importance locale ont vu le jour, probablement comme une façon de se protéger du pouvoir croissant de la nouvelle communauté. En effet, très vite, le centre urbain abrite des milliers d'habitants, une architecture monumentale et une société stratifiée. Aucune autre localité de la vallée ne pouvait le concurrencer, car avec son marché – probablement situé sur la place centrale –, où se concentrent les produits de toute la région, la cité attire ceux qui cherchent à vendre ou à acheter du sel, de la pierre, du bois, des textiles, de la céramique. L'élite locale développe en parallèle les symboles de son pouvoir avec la construction de temples, de lieux de culte et l'érection de monuments à l'image des puissances surnaturelles qui la protègent. Afin d'augmenter son influence, les dirigeants concluent des alliances matrimoniales avec des familles importantes d'autres localités, où l'on a découvert des sépultures similaires à celles des hauts personnages de Monte Albán.
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
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Média
Monte Albán, Oaxaca
Craig Lovell/ Corbis Documentary/ Getty Images
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