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ZERAVCHAN

Fleuve de montagne, le Zeravchan prend naissance à 2 600 mètres d'altitude sur le front du glacier de vallée qui porte le même nom dans les montagnes de l'Alaï. Sur les premiers trois cents kilomètres de son cours, le Zeravchan est un torrent de haute montagne coulant au fond de gorges fort étroites que dominent des crêtes s'élevant jusqu'à 5 500 mètres d'altitude. Après avoir traversé le Tadjikistan, sa vallée s'épanouit sur le piémont peu avant de parvenir à Samarkand en Ouzbékistan ; le régime de l'écoulement reste de type glaciaire : à son entrée dans la plaine, le fleuve roule 30 mètres cubes par seconde au cours des mois d'hiver, alors que le débit s'élève jusqu'à 600 mètres cubes par seconde durant le mois de juillet. Puis, saigné à blanc par les prélèvements de l'évaporation et les ponctions dues à l'irrigation, le fleuve s'assèche bientôt et ses eaux ne parviennent plus à rejoindre le cours de l'Amou-Daria avec lequel elles confluaient lors de la phase humide du Quaternaire.

Le Zeravchan ravitaille en eau d'irrigation les oasis les plus anciennes et les plus fertiles de toute l'Asie moyenne. En effet, les lœss du piémont des montagnes d'Asie centrale ont donné naissance à des sols gris qui sont d'une très grande fertilité dès lors qu'ils peuvent être irrigués, ce que les cultivateurs de la basse vallée du Zeravchan ont su faire dès la plus haute antiquité en aménageant des réseaux d'irrigation à commande qui conduisent vers les champs les eaux chargées de limon que le fleuve roule en abondance jusqu'au cœur de l'été. C'est ainsi que sont nées les oasis de Samarkand et de Boukhara, qui furent dans le passé le cœur d'empires immenses et dont les systèmes de culture intensifs furent longtemps célèbres.

C'est d'ailleurs en Ouzbékistan que la vallée du Zeravchan est le plus peuplée : la principale concentration de ruraux se trouve dans l'oasis de Samarkand, la plus proche des montagnes et donc la mieux alimentée en eau d'irrigation, puis dans celle de Boukhara. Dans les deux oasis, le cotonnier s'est développé aux côtés des cultures légumières et fruitières traditionnelles sur les parcelles irriguées ; le blé et le mûrier sont, eux, cultivés en sec.

— Pierre CARRIÈRE

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