ZHOU DUNYI[TCHEOU TOUEN-YI](1017-1073)
Penseur confucéen, le premier qui, continuant l'œuvre de Li Ao, donne un cadre cosmologique à la métaphysique élaborée par ce dernier. Il le fait au moyen du Tableau du Faîte Suprême (Taijitu), diagramme illustrant la naissance de l'univers à partir du Faîte Suprême, dans lequel les forces antithétiques du Yin et du Yang se trouvent à l'état indifférencié et qui est lui-même sorti du « Sans Faîte » (wuji), c'est-à-dire du Néant absolu.
L'idée du Faîte Suprême vient du Livre des mutations (Yijing), tandis que le « Sans Faîte » renvoie à la métaphysique taoïste, à laquelle Zhou Dunyi a d'ailleurs emprunté son diagramme. Mais l'apport original de celui-ci consiste dans la façon dont il conçoit l'homologie entre la morale du confucianisme classique et l'évolution cosmique. Ainsi, il considère le Faîte Suprême comme équivalent à la Nature ou à la qualité divine et innée (Xing) des êtres. Cette Nature innée est foncièrement bonne. De la même façon, le Yin et le Yang, qui procèdent immédiatement du Faîte Suprême, correspondent au dur et au souple. Quand le Yin et le Yang se conforment à ce qui est juste et correct, c'est-à-dire au Li (la Raison innée, qui est également un attribut du Faîte Suprême), ils donnent les vertus d'Équité (Yi) et de Bienfaisance (Ren). Au contraire, quand les forces antithétiques s'écartent de la Raison universelle, elles produisent des défauts moraux. Cette identification du Faîte Suprême avec la Nature innée (Xing) et la Raison ou Principe universel (Li) constitue un apport à la pensée néo-confucéenne qui trouvera son apogée chez Zhu Xi (1130-1200). Au sage qui cherche à conformer son comportement aux lois de l'Univers, Zhou Dunyi propose, comme Li Ao, la prise de conscience impliquée dans la notion du Cheng, ou sincérité parfaite vis-à-vis de soi-même et de sa propre nature profonde.
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Écrit par
- Kristofer SCHIPPER : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
Classification
Autres références
-
CONFUCIUS & CONFUCIANISME
- Écrit par ETIEMBLE
- 14 434 mots
- 2 médias
Précurseur de ce néo-bouddhisme, Zhou Dunyi (1017-1073) écrivit un Traité du faîte suprême qui s'ouvre sur une phrase longuement controversée : wu ji er tai ji, mais où il semble bien qu'il faille comprendre que le sans-faîte, wu ji des bouddhistes (« l'illimité », « l'infini »),...