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ZHU DA[TCHOU TA](1626-1705)

Zhu Da, mieux connu en Chine sous son surnom de Bada shanren, est une énigme limpide : d'une part, l'ombre qui a longtemps entouré sa biographie n'a pas encore entièrement achevé de se dissiper et le langage symbolique de ses poèmes et de ses peintures continue à poser une série de rébus moqueurs dont toutes les entrées sont encore loin d'être forcées ; d'autre part, l'ensemble de son œuvre peint présente une cohérence, une clarté, une homogénéité rigoureuse. À l'inverse de son cadet et lointain cousin Shitao ou Daoji, qui cultivait systématiquement la diversité, Bada shanren tend à la simplification ; confirmant l'adage classique, sa peinture témoigne que cette simplicité peut receler plus de richesses encore que les artifices de la complexité.

Du refuge des monastères au refuge de la folie

Descendant d'un des fils de Zhu Yuanzhang, le fondateur de la dynastie Ming, son appartenance à la famille impériale autant que ses dons personnels semblaient le promettre à un brillant avenir. La catastrophe de 1644 – Li Zicheng entre dans Pékin, l'empereur Chongzhen se suicide, les Mandchous usurpent le trône – vient mettre un terme brutal à ses espérances. Au moment du drame, Zhu Da (dont le prénom originel était Tongluan) avait dix-huit ans ; à la différence de son cadet Shitao, il n'oubliera jamais ces événements ; les témoignages symboliques de son intransigeante fidélité abondent d'ailleurs dans ses poèmes et dans sa peinture : dans sa célèbre peinture de 1691, Les Paons, il tourne en dérision les collaborateurs du régime mandchou ; un cryptogramme en forme de paraphe qui se retrouve sur de nombreuses œuvres peut se déchiffrer san yue shijïu, « le 19e jour du troisième mois [de 1644] » (25 avril), date du suicide de Chongzhen ; il trace sa propre signature de manière telle que les quatre caractères ba da shan ren semblent n'en former plus que deux, qui tour à tour peuvent se lire xiao zhi ou ku zhi, « je m'en moque » ou « je pleure », etc.

En 1648, il se fait moine ; les monastères étaient le refuge habituel de tous les réfractaires au nouvel ordre politique. Au cours des années cinquante, sous son nom monastique de Chuanqi, il fait déjà montre d'une activité picturale (feuillets d'album) ; ses thèmes de prédilection sont déjà ceux qu'il ne se lassera pas de traiter dans sa maturité (fleurs, légumes, bananiers), mais le métier du pinceau y apparaît encore incomplètement formé. Une dizaine d'années plus tard, il quitte son monastère, pour se marier, semble-t-il (il s'agit pour lui d'assurer la continuité de sa lignée). Il embrasse le taoïsme et, en 1661, sous le nom de Zhu Daolang, fonde un monastère taoïste, le Qingyun pu, près de Nanchang, sa ville natale. De 1661 à 1687, toute son énergie est accaparée par la gestion du Qingyun pu. Certains historiens, obnubilés par la légende d'un Bada shanren génie fantasque et demi-fou, et aussi par le fait que plusieurs sources de l'époque continuent à le décrire comme un moine bouddhiste, ont d'abord refusé de le reconnaître sous les traits de ce Zhu Daolang, administrateur actif, voire activiste : sous couvert de taoïsme, il fondera une sorte de parti irrédentiste Ming, le Jing ming zhong xiao zong pu, mais les documents découverts dans la seconde moitié du xxe siècle ne laissent plus aucune place au doute (aussi le gouvernement chinois a-t-il maintenant transformé le Qingyun pu en un musée à la mémoire de Bada shanren). Suspect d'activités politiques subversives, en 1687 il abandonne la direction du Qingyun pu à un successeur et se retire dans un monastère bouddhiste. C'est ici que se place l'épisode de sa « folie », qui semble avoir vivement frappé l'imagination de ses contemporains : entre autres excentricités, Bada, un beau matin, inscrivit sur sa porte le[...]

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  • : reader, Department of Chinese, Australian National University

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  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

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    ...se plaît au petit format des feuilles d'album, et son art témoigne d'une compréhension globale et convaincante des éléments naturels. Moine lui aussi, Zhu Da (1626-1705) peint avec une égale spontanéité paysages et animaux. Le pinceau large ou crispé, l'encre sèche ou coulante dialoguent en des esquisses...
  • PEINDRE HORS DU MONDE, MOINES ET LETTRÉS DES DYNASTIES MING ET QING (exposition)

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    Le Poisson, de Zhu Da, dit Bada Shanren (1626-1705), qui passa l’essentiel de sa vie comme moine bouddhiste, illustre la puissance d’évocation de l’encre lorsqu’elle est, dans la même œuvre, utilisée avec différentes dilutions, et que les formes sont rendues sans traits de contours. Le poisson est ici,...