ZHU DE[TCHOU TÖ](1886-1976)
Né à Dawan (Sichuan), mais d'origine cantonaise, Zhu De fait des études classiques et, après l'abrogation du système traditionnel des examens, fréquente l'école moderne de Nanchang puis entre en 1909 à l'académie militaire du Yunnan ; il est, en 1911, l'un des premiers lieutenants diplômés de l' « armée étrangère » formée sur les modèles européens. Membre d'organisations progressistes (Tongmenghui de Sun Yat-sen, Gelaohui, influente dans l'armée), il rejoint les républicains et soulève ses troupes contre l'autorité mandchoue. Entré au Guomindang en 1912, il se rebelle contre la restauration monarchique de Yuan Shikai (1915) puis, chef de garnison au Sichuan et commissaire provincial aux finances, il vit en satrape semi-indépendant et en aventurier enrichi par le trafic d'opium. Ce potentat jouisseur est pourtant animé d'un vague idéalisme politique aiguisé par ses lectures et les contacts qu'il entretient avec des étudiants revenus de l'étranger. Brusquement, à trente-cinq ans, abandonnant prébendes, concubines et opiomanie, il se rend en 1921 à Shanghai où il rencontre des révolutionnaires du Guomindang, puis s'embarque pour l'Allemagne. À Hanovre, il fréquente le groupe d'étudiants communistes formés par Zhou Enlai qui l'initient au marxisme-léninisme ; l'année 1922 marque son adhésion à la section d'Allemagne du Parti communiste chinois (P.C.C.) ; il étudie quelque temps à Paris. Sans doute expulsé d'Allemagne, il rentre en Chine en 1925 et offre sa fortune au P.C.C. dont il devient membre.
Menacé par le Guomindang qui purge l'armée des éléments communistes, Zhu De le quitte après avoir fui au Jiangxi et participe à l'insurrection de Nanchang (1er août 1927) qui marquera la naissance des premiers éléments de l'Armée rouge ; en agissant ainsi, il dévoile son appartenance au P.C.C. tenue secrète jusqu'alors. Mais cette victoire à la Pyrrhus l'oblige à fuir auprès d'officiers progressistes (Fan Shisheng) puis dans les maquis des monts Jinggang. En avril 1928, Zhu De rencontre Mao Zedong. D'un commun accord, ils unissent les forces dont ils disposent, fondant la nouvelle IVe armée (en hommage à la IVe armée nationaliste insurgée à Nanchang) que Zhu De commande et dont Mao Zedong est le commissaire politique. Les groupes armés de communistes chinois résistent aux forces du Guomindang jusqu'au moment où, obéissant aux directives de Li Lisan, les communistes usent leurs forces dans des insurrections urbaines au cœur des grandes cités de Chine centrale. En novembre 1931, la conférence de Ruijin rejette la ligne Li Lisan et assure la suprématie de Zhu De et de Mao Zedong qui parviennent à contenir les « campagnes d'anéantissement » de Tchiang Kai-chek.
La Longue Marche (1934-1935) donne à Zhu De un rôle stratégique primordial. Or, malgré la conférence de Zunyi au Guizhou (janv. 1935) qui assure à Mao Zedong la direction du P.C.C., Zhu De choisit de suivre Zhang Guotao, en désaccord avec Mao Zedong sur le choix de l'itinéraire de la retraite. Cette séparation résulte-t-elle d'une mésintelligence ou lui est-elle dictée par la nécessité d'éviter à tout prix une scission aux implications dramatiques ? Quoi qu'il en soit, Zhu De va jusqu'au Xikang inhospitalier et isolé pour ne rejoindre Mao Zedong, peut-être sous l'influence de Ren Bishi, qu'en octobre 1936. La période d'alliance entre les communistes et les nationalistes voit Zhu De à la tête de l'Armée rouge amalgamée à l'armée nationale sous le nom fameux de VIIIe armée de route ; il est alors au deuxième rang du bureau politique. En 1945, outre ses fonctions au comité central du P.C.C., il commande 900 000 hommes, futur corps de bataille de la nouvelle armée de libération populaire[...]
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Écrit par
- Michel HOANG : journaliste
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