ZIMBABWE
Nom officiel | République du Zimbabwe (ZW) |
Chef de l'État et du gouvernement | Emmerson Mnangagwa (depuis le 24 novembre 2017) |
Capitale | Harare |
Langues officielles | Anglais, chewa, chibarwe, kalanga, khoisan, nambya, ndau, ndebele, shangani, shona, sotho, tonga, tswana, venda, xhosa et langue des signes |
Unité monétaire | Dollar du Zimbabwe 3, 4
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Population (estim.) |
15 706 000 (2024) |
Superficie |
390 757 km²
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Évolution politique depuis l'indépendance
Début d'une ère nouvelle pour la population africaine, profondément meurtrie par les exactions des deux camps pendant la guerre et les discriminations du régime de Ian Smith, le 18 avril 1980 marque aussi le début de la domination inflexible de Robert Mugabe, qui a viré au cauchemar depuis 2000. De ce jour datent aussi un certain nombre de mythes largement colportés par la propagande officielle et les « compagnons de route » étrangers : l'orientation socialiste et le Zimbabwe modèle de développement, l'image d'un dirigeant intègre et miséricordieux à l'égard de ses ennemis, celle du leader africain engagé contre l'apartheid et dans les combats tiers-mondistes... Le décalage croissant entre ces mythes et la réalité du Zimbabwe indépendant explique la difficulté de nombreux observateurs à comprendre les événements postérieurs à 2000.
La marche vers le parti unique et le « socialisme » (1980-1990)
Ayant nettement remporté les élections, Mugabe choisit pourtant de constituer un gouvernement de coalition où siège son grand rival Joshua Nkomo – leader historique du mouvement nationaliste dans les années 1960 qui a refusé la présidence honorifique du pays –, avec trois autres ministres du PF-ZAPU, ainsi que deux représentants de la minorité blanche (dont le président des fermiers), illustration ostensible de la politique de réconciliation nationale. Il faut d'abord rassurer les milieux d'affaires et les producteurs agricoles blancs pour éviter un exode préjudiciable à l'économie (contre-exemple du Mozambique en 1975) ; mais cette posture permet également aux dirigeants ZANU (PF) de préparer l'assaut contre le PF-ZAPU : les premières unités déployées dans le Matabeleland seront issues de l'ancienne armée rhodésienne et commandées par des officiers blancs.
Massacres dans le Matabeleland
Le détonateur du conflit est la formation de la nouvelle armée nationale et la démobilisation des anciens guérilleros en surnombre. Les maquisards du PF-ZAPU étant systématiquement mis sur la touche ou provoqués par des éléments de la ZANU, les incidents armés se multiplient dans les camps de regroupement entre fin 1980 et mi-1981. Certains éléments PF-ZAPU – ensuite désavoués par Nkomo – préfèrent alors reprendre le maquis dans leur région d'origine.
C'est cependant l'arrestation de responsables militaires et la démission des ministres PF-ZAPU, à la suite de la découverte de prétendues caches d'armes sur des fermes appartenant à ce parti en février 1982, qui déclenche la crise ouverte et révèle la véritable nature de l'opération. Robert Mugabe redoute la concurrence politique future du parti de Nkomo. Le PF-ZAPU, davantage que le parti croupion de Ian Smith, est l'obstacle majeur à l'établissement du parti unique. La 5e Brigade, une force antiguérilla entraînée par les Nord-Coréens, dont la création est décidée dès octobre 1980 (bien avant les premiers troubles), impose la terreur et pratique la politique de la terre brûlée au Matabeleland contre les civils et non contre la poignée de « terroristes » mis en avant par la propagande gouvernementale (quelques dizaines seulement se rendront lors de l'amnistie de 1988). Dans une région fermée à la presse étrangère et aux diplomates, entre 1983 et 1987, entre 10 000 à 20 000 personnes sont sommairement exécutées, ou détenues dans des camps, torturées et affamées, pour finir dans des fosses communes anonymes, sans que la communauté internationale ne réagisse.
Pourtant, en dépit des pressions sur ses candidats dans tout le pays, le PF-ZAPU remporte tous les sièges du Matabeleland lors des élections législatives de 1985. C'est donc par le chantage (arrêt des massacres qui ont repris après les élections en échange d'une allégeance totale) et[...]
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Écrit par
- Daniel COMPAGNON : professeur des Universités, professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Franck MODERNE : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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