ZIDANE ZINÉDINE (1972- )

« Génération Zidane »

Mais ce sont ses performances avec l'équipe de France qui vont faire du gamin de la Castellane l'icône de tout un pays. Il débute avec la formation nationale le 17 août 1994, face à la République tchèque, et inscrit déjà deux buts. Aimé Jacquet le promeut rapidement meneur de jeu, associé à Youri Djorkaeff. Victime d'un accident de la route peu avant cette compétition, il déçoit quelque peu lors de l'Euro 1996, dont la France est néanmoins demi-finaliste.

La Coupe du monde 1998 marque son apothéose. Après un début de tournoi en demi-teinte – une expulsion face à l'Arabie Saoudite lui vaut deux matchs de suspension –, il illumine la finale gagnée par l'équipe de France face au Brésil (3-0) : il inscrit deux buts de la tête et, en grande partie grâce à lui, la France remporte pour la première fois le précieux trophée. En 90 minutes, « Yazid » est devenu « Zizou ». Ce 12 juillet, plus d'un million de personnes célèbrent sur les Champs-Élysées la victoire des Bleus. Zinédine Zidane, qui reçoit en fin d'année le ballon d'or attribué par France Football (récompensant alors le meilleur joueur évoluant en Europe), devient l'emblème de cette équipe métissée. Politiques et médias font de lui le symbole d'une France « Black, Blanc, Beur », prétendument et soudainement réconciliée avec les enfants de l'immigration, et même fière d'afficher ses « différences ». Un tableau idyllique cruellement démenti par la suite. Le 6 octobre 2001, à l'occasion du premier match entre la France et l'Algérie, La Marseillaise est sifflée, puis des dizaines de jeunes Beurs envahissent la pelouse du Stade de France, entraînant l'interruption de la rencontre ; enfant des deux pays, Zizou en est profondément meurtri. Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national, se qualifie pour le second tour de l'élection présidentielle : jouant timidement de sa notoriété, Zidane appelle à voter « contre un parti qui ne correspond pas du tout aux valeurs de la France ».

Entre-temps, Zidane a remporté l'Euro 2000. Cette compétition demeure sans doute son tournoi le plus accompli. En demi-finale face au Portugal, dans un contexte difficile, il inscrit sur penalty le but en or – règle alors en vigueur qui voulait que la première équipe qui marque un but en prolongation remporte le match – qui propulse les Bleus en finale. Le 2 juillet à Rotterdam, l'équipe de France gagne la finale face à l'Italie (2-1). Pour la première fois, une sélection est parvenue à devenir championne d'Europe après avoir été couronnée championne du monde. Elle doit beaucoup à son stratège. Curieusement, en fin d'année, ses prestations ne lui valent pas le ballon d'or, le jury lui préférant le Portugais Luis Figo. Il est néanmoins élu, comme en 1998, meilleur joueur du monde par la FIFA ; il le sera de nouveau en 2003.

Peu avant la Coupe du monde 2002, alors que le peuple et les sponsors réclament la « seconde étoile », il se blesse lors d'un match de préparation : durant deux semaines, la « cuisse de Zidane » fera la une de l'actualité française. Éliminés sans gloire, les Bleus rentrent piteusement au pays. L'Euro 2004, qui voit les Bleus éliminés en quart de finale par la Grèce (1-0), constitue un nouvel échec, et Zinédine Zidane met un terme à sa carrière internationale à l'issue de cette compétition. Mais, le 4 août 2005, il fait volte-face et annonce son retour ! Dans un élan collectif quasi irrationnel, les Français moroses auraient, bien au-delà de la sphère sportive, « retrouvé le moral » en un tournemain ! Zidane fait également sortir de leur retraite internationale Claude Makelele et Lilian Thuram, et les Bleus, qui jusque-là piétinaient dans leur groupe de qualification[...]