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FRANCESCATTI ZINO (1902-1991)

Au sein de l'école française de violon, Zino Francescatti incarnait la tendance méditerranéenne, parfaite osmose entre la justesse de style de la lignée franco-belge et la chaleur ensoleillée de la tradition italienne.

De son vrai nom René-Charles Francescatti, il naît à Marseille le 9 août 1902 et commence à étudier le violon avec son père, René-Fortuné, violon solo à l'Opéra de Marseille, un excellent instrumentiste d'origine italienne formé par Camillo Sivori, lui-même disciple de Paganini. Dès l'âge de cinq ans, il se produit en public et, en 1912, joue, avec orchestre, le Concerto pour violon de Beethoven. Il monte à Paris, où il effectue ses premiers enregistrements en 1922. Il travaille avec Jacques Thibaud, qui l'emmène chez lui à Saint-Jean-de-Luz pendant l'été de 1924, et il fait ses débuts à Paris en 1925, au palais Garnier, avec l'orchestre de la Société des concerts du Conservatoire. Pour vivre, il joue dans l'orchestre de Walther Straram, le meilleur de la capitale. En 1926, il effectue une tournée en Grande-Bretagne avec Maurice Ravel, et il est l'un des premiers interprètes de Tzigane, après sa dédicataire Jelly d'Arányi. Mais c'est avec le pianiste Robert Casadesus qu'il va constituer l'un des plus fameux duos du xxe siècle, dans le prolongement de celui que formèrent Alfred Cortot et Jacques Thibaud. Tous deux enregistreront aux États-Unis l'essentiel de la littérature pour violon et piano. En 1927, Francescatti est nommé professeur de violon à l'École normale de musique de Paris. Assistant de Gaston Poulet, il dirige aussi parfois les Concerts Poulet. Il fait ses débuts en Amérique du Sud, à Buenos Aires, en 1938. Un an plus tard, il donne son premier concert aux États-Unis, avec l'Orchestre philharmonique de New York, et il se fixe à Boston pendant la guerre. C'est là que se déroulera désormais l'essentiel de sa carrière, au point qu'il partagera sa vie, à la fin des hostilités, entre la France et le Nouveau Monde. À la mort de Jacques Thibaud, en 1953, il devient le chef de file de l'école française. À partir de 1970, il cesse progressivement de jouer et se retire en 1975 dans le midi de la France, où de nombreux jeunes instrumentistes viennent prendre conseil auprès de lui. En 1987, il vend son violon, un Stradivarius de 1727, le Hart, sur lequel il jouait depuis 1942, pour fonder un concours international de violon qui se déroule tous les deux ans à Aix-en-Provence puis à Marseille (cet instrument exceptionnel a été acquis par le violoniste italien Salvatore Accardo). Francescatti meurt dans sa maison de La Ciotat, le 16 septembre 1991.

Le répertoire de Francescatti s'est rarement écarté des sentiers battus. C'était l'homme des grands concertos, qu'il jouait dans un style pur et classique, avec un lyrisme généreux reflétant un amour de la vie et du soleil. Il fut pourtant un des premiers violonistes à lutter contre les excès expressifs des générations issues du xixe siècle, tant au point de vue de la rigueur rythmique que de la clarté de l'intonation. S'il se présente, à bien des égards, comme un des successeurs d'Eugène Ysaÿe et de Jacques Thibaud, il n'a conservé de ces maîtres que le pouvoir expressif et le charme de la sonorité. Son sens parfaitement exact de l'intonation s'est enrichi, au fil des années, d'un discours mélodique beaucoup plus rigoureux que celui qu'il pratiquait dans sa jeunesse, sans tomber dans l'excès que cultiveront plus tard les disciples de Galamian. À cet égard, on retrouve en lui l'héritier de l'école italienne, où l'expression instrumentale est calquée sur les inflexions de la voix humaine. Francescatti est aussi parvenu à concilier l'image du musicien et celle du virtuose : ses enregistrements de Paganini sont des modèles du genre, au même titre que les concertos de Mozart qu'il[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Autres références

  • CASADESUS ROBERT (1899-1972)

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    • 1 153 mots

    Rares sont les interprètes français qui peuvent prétendre égaler la célébrité américaine de Robert Casadesus : entre celle de Zino Francescatti et celle de Pierre Monteux, son étoile sur le mythique Hollywood Boulevard de Los Angeles semble définir à jamais ce qu'est la France musicale vue...