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ZINOVIEV GRIGORI EVSEÏEVITCH RADOMYLSKI dit (1883-1936)

Autodidacte, Zinoviev commence par militer dans les cercles d'éducation politique du sud de la Russie. En 1902, il se rend à l'étranger, où il rencontre Plekhanov et Lénine. Bolchevik dès 1903, il milite dans le sud de la Russie. En mars 1906, il regagne Saint-Pétersbourg, où il est membre du comité du parti. L'une de ses principales activités est d'ordre journalistique : il dirige la plupart des publications bolcheviques ou y collabore. Délégué au Congrès de Londres en 1907, il est élu au comité central et y siégera jusqu'en 1927. Après avoir été arrêté en 1908, il rejoint Lénine à Genève, devient son bras droit, le suit à Paris, puis à Cracovie en 1912. Leur collaboration se resserre pendant la guerre. L'un des organisateurs de la gauche de Zimmerwald, Zinoviev publie en 1915 avec Lénine Contre le courant. Rentré en Russie dans le « wagon plombé » le 3 avril 1917, il garde le silence lors de la discussion sur les « thèses d'avril » de Lénine. Accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne par le gouvernement provisoire en juillet, il doit se cacher. En octobre, il vote avec Kamenev contre le passage immédiat à l'insurrection. Lénine réclame son exclusion, Staline prend sa défense. Après la prise du pouvoir, il est, avec Kamenev, favorable à un gouvernement de coalition avec les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires, contre Lénine. Élu en décembre 1917 président du soviet de Petrograd, Zinoviev tient fermement en main cette organisation du parti, la plus importante du pays. En 1919, lors du congrès constitutif de l'Internationale communiste, il est nommé président de son comité exécutif, poste clé qu'il conserve jusqu'en 1927. À ce titre, il organise et préside le Congrès des peuples d'Orient à Bakou (1930) et rédige les conditions d'admission à l'Internationale. Mais sa responsabilité est grandement engagée dans le cours aventuriste et putschiste suivi par le Komintern en Allemagne. Dès la fin de 1922, la maladie de Lénine pose le problème de la succession. Zinoviev et son fidèle ami Kamenev s'unissent à Staline pour constituer la « troïka », qui prendra le pouvoir en 1924. Fort de son prestige et du poids de l'organisation de Leningrad, Zinoviev, qui se considère comme l'héritier légitime de Lénine, croit pouvoir utiliser Staline pour éliminer Trotski dans la course pour le pouvoir. Or c'est Staline qui les abandonne. Dès lors, Zinoviev et Kamenev s'allient à Trotski et prennent la tête de l'Opposition unifiée. Zinoviev perd la direction de l'organisation de Leningrad, est exclu du bureau politique où il siégeait depuis 1917, puis du comité central en octobre 1927, puis du parti. Il capitule en janvier 1928. Après sa réintégration dans le parti, il collabore à la Pravda. Exclu de nouveau du parti en 1932, réintégré en 1933, il est rendu, en 1935, moralement responsable de l'assassinat de Kirov (dans lequel il n’a joué aucun rôle). L'un des principaux accusés du premier grand procès de Moscou en 1936, il est condamné et exécuté. Excellent agitateur et homme d'action, mais piètre stratège, impulsif, il se laissa, après Octobre, porter par les événements plus qu'il ne les domina : cela apparut clairement lorsque disparut Lénine, sa boussole politique.

Zinoviev - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Zinoviev

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920) - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920)

— Claudie WEILL

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Écrit par

  • : chercheur à l'École pratique des hautes études

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Médias

Zinoviev - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Zinoviev

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920) - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Congrès des peuples d'Orient (Bakou, 1920)

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