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KODÁLY ZOLTÁN (1882-1967)

Impressionnisme et polyphonie vocale

En 1907, Kodály passe trois mois à Berlin, puis trois mois à Paris. Il y suit les cours de Charles Marie Widor au conservatoire et découvre la musique de Debussy, « cet art plus pictural que musical », écrira-t-il à Bartók. C'est à Paris qu'il reçoit, après la découverte du folklore musical, la deuxième impulsion décisive de sa vie, celle de l'impressionnisme français. Il compose sa Méditation sur un thème de Claude Debussy, pour piano. « L'Allemagne nous cache l'Occident », écrira-t-il plus tard dans la postface des Bicinia Hungarica (1937). Rentré à Budapest, il est nommé professeur de théorie musicale à l'Académie de musique. En 1908, Hans Koessler lui confie une de ses classes d'écriture. De cette année datent les Deux Chants populaires de la région de Zobor, pour chœur de femmes, puis successivement son Énekszó (op. 1) [16 mélodies sur paroles populaires, pour chant et piano ; 1907-1909], son Premier Quatuor à cordes (op. 2, 1908) et ses Neuf Pièces pour piano (op. 3, 1909), suivis de la Sonate pour violoncelle et piano (op. 4, 1909-1910), du Duo pour violon et violoncelle (op. 7, 1914), de la Sonate pour violoncelle (op. 8), l'une de ses œuvres les plus appréciées. Entre 1912 et 1916, il compose Sept Mélodies attardées sur des poèmes hongrois classiques, puis une deuxième série pour piano (Sept Pièces, op. 11), le Deuxième Quatuor (op. 10), deux chœurs d'hommes et des mélodies pour chant et piano (ou orchestre). À la fin de la Première Guerre mondiale, la Hongrie connaît une brève période durant laquelle toute sa structure politique et sociale semble se transformer. Kodály fait partie du directoire musical et est nommé sous-directeur de l'Académie de musique auprès de Ernő Dohnányi qui en est le directeur. Cette affectation lui sera sévèrement reprochée par la nouvelle direction installée à l'automne de 1919 par la contre-révolution. Kodály est suspendu, et ne sera réintégré comme professeur qu'en 1921. Entre-temps, il a signé un contrat d'exclusivité pour ses œuvres musicales avec la maison d'édition autrichienne Universal. La Sérénade pour deux violons et alto, sa dernière œuvre de musique de chambre, date de 1919-1920. En 1923, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la ville de Budapest, Kodály compose sa première œuvre pour grand ensemble, sur le 55e Psaume de David, le Psalmus Hungaricus, op. 13, pour ténor solo, chœur mixte et orchestre, sur une adaptation libre de Mihály Vég de Kecskemét, prédicateur protestant du xvie siècle ; cette œuvre remporte un grand succès et lui vaut une autorité internationale. À la même époque, il écrit Nuits sur la montagne, pour chœur de femmes sans paroles, première pièce d'une série complétée en 1955-1956, puis sa première transcription de Jean-Sébastien Bach, Trois préludes de choral pour violoncelle et piano (1924), qui sera suivie d'autres transcriptions. L'année 1925 marque le début de la grande éclosion d'œuvres chorales dans lesquelles Kodály semble trouver sa véritable vocation et la troisième source de son art : la polyphonie vocale. Les premiers chœurs d'enfants sur mélodies populaires sont composés, puis d'autres chœurs d'enfants, mixtes (Tableaux de Mátra, 1931) et des chœurs d'hommes (Chants de Karád, 1934). Kodály écrira plus tard une œuvre chorale sur des poèmes classiques et modernes, hongrois pour la plupart, mais aussi latins, italiens et anglais. Par ailleurs, et bien que la musique a cappella garde sa préférence, il achève entre 1924 et 1932 deux œuvres scéniques importantes. L'une, Háry János, est une féerie musicale, un drame mêlé de musique (livret de B. Paulini et Z. Harsányi d'après un poème populiste de János Garay) ; elle relate les aventures imaginaires d'un[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur honoraire à l'Institut national des langues et civilisations orientales, administrateur de l'Association pour le développement des études finno-ougriennes, président du comité français Béla Bartók, compositeur, musicologue, ethnologue

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Médias

Zoltán Kodály - crédits : Erich Auerbach/ Getty Images

Zoltán Kodály

Antal Dorati - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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