Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ZELK ZOLTÁN (1906-1981)

Fils d'un chantre juif de village, Zoltán Zelk est né à Érmihályfalva, dans l'est de la Hongrie. À quinze ans, il entre dans le mouvement des jeunes travailleurs, arrive en 1921 à Budapest, où il travaille comme apprenti. Son premier poème paraît en 1925 dans la revue d'avant-garde 365. En 1927, il est arrêté, interdit de séjour en Hongrie, puis expulsé en Roumanie ; un an plus tard, il retourne clandestinement à Budapest, vit un temps sous un pseudonyme, mais ses poèmes sont publiés sous son vrai nom dans les plus importantes revues littéraires. À ses débuts, il est influencé par le surréalisme et le dadaïsme ; bien qu'à la fin des années vingt il se détache des groupes d'avant-garde, sa poésie conservera le souvenir vivant de l'art d'Apollinaire et de Kassák. Son premier recueil (1930) est accueilli avec un enthousiasme unanime : l'aspiration bucolique au paysage pastoral est aussi saisissante qu'est exacte et intime la description lyrique de Zugló, banlieue de Budapest, celle des clochards, des herbes maigres et des chiens errants.

Dans ses vers des années trente, Zelk évoque l'atmosphère étouffante de la Hongrie de l'entre-deux-guerres, mais il transforme en un monde féerique les images arides de la misère et du « paysage dépouillé ».

En 1935, il est de nouveau arrêté, mais sera libéré sous la pression de l'opinion littéraire ; en 1942, il est appelé au service du travail obligatoire en Ukraine ; il s'évade en 1944 et se cache sous un faux nom. C'est en toute logique que le poète des pauvres s'engage en 1945 dans l'action politique : il adhère au Parti communiste et collabore au quotidien Szabadság (Liberté). Dans ses poèmes enthousiastes, Zelk salue la fin de la guerre et les lendemains qui chantent. Mais, dès 1953, déçu par les fautes du régime, il exprime sa désillusion dans des poèmes amers. Il est un des animateurs du mouvement des intellectuels qui prépare octobre 1956. Après l'échec de la révolte hongroise, il est condamné à trois ans de prison. C'est alors qu'il compose son poème monumental Sirály (Mouette), requiem à la mémoire de sa femme, l'écrivain Irén Bátori, morte en 1958.

Dans ses premiers poèmes écrits après sa libération, les symboles tziganes suggèrent la solitude et l'aspiration de Zelk à une communauté humaine. Dans l'esprit des peintures de Marc Chagall, il évoque le souvenir du « vert paradis des amours enfantines » de la cour d'église où il a grandi, de ses parents un peu bizarres ; il se souvient du pathos cher au mouvement ouvrier hongrois de jadis, de ses maîtres et amis morts, mais il s'ouvre aussi au présent. Les images empruntées au réel alternent avec les rapprochements inattendus ; la voix hautement lyrique et élégiaque du poète, son style simple et direct tendent vers une sorte de classicisme moderne.

Zoltán Zelk passe ses dernières années dans l'immobilité de la maladie. Ses poèmes bouleversants, chantant la peur et l'attente de la mort, vont de la description réaliste des souffrances physiques jusqu'à l'imposant exegi monumentum du poète moribond.

— Pal REZ

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification