- 1. Aristote et les origines de la science des animaux
- 2. La Renaissance, association des sciences antiques aux découvertes
- 3. La révolution technique du microscope
- 4. La zoologie moderne entre unité et morcellement
- 5. De la classification linnéenne à l'anatomie comparée
- 6. L'essor des institutions de recherche
- 7. Fragmentation de la zoologie en nombreuses disciplines
- 8. L'effacement temporaire de la zoologie
- 9. Crise de la biodiversité et renouveau de la zoologie
- 10. Les différents visages des zoologistes
- 11. La nomenclature zoologique
- 12. Bibliographie
ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)
La Renaissance, association des sciences antiques aux découvertes
L' émergence de l'étude scientifique de la nature à la Renaissance est étroitement liée à l'essor politique et à la croissance économique de l'Europe, mouvement amplifié par la première globalisation du commerce international. Malgré les guerres et les conflits religieux, les conditions deviennent favorables à la multiplication des lieux de recherche (comme les universités), et à la circulation de spécimens, d'un corpus iconographique, de livres imprimés et des hommes. Les connaissances héritées de l'Antiquité et du Moyen Âge sont non seulement diffusées mais commencent à être analysées et critiquées car elles ne suffisent plus à satisfaire le désir de comprendre et de connaître le monde.
L'histoire naturelle participe directement à l'extension de l'influence politique de l'Europe. Les ressources naturelles utiles (principalement les plantes médicinales ou agricoles) sont activement recherchées et inventoriées par les premiers navigateurs. Il faut donc disposer des moyens cognitifs pour distinguer les espèces mais aussi pour en maîtriser la reproduction. Cette vision utilitariste se double d'une fascination pour les plantes et les animaux nouveaux qui arrivent en Europe, que l'on collectionne, que l'on cultive ou que l'on élève pour le plaisir et pour marquer son niveau social. C'est le cas des Fugger d'Augsbourg (actifs durant le xvie siècle et jusqu'à la fin de la guerre de Trente Ans), qui tirent leur richesse du commerce international et de la banque. Ils possèdent de magnifiques cabinets de curiosités et une ménagerie riche de singes, de perroquets, de paons, de grands félins... Le commerce d'animaux vivants, de peaux et de plumes en provenance d'Asie pratiqué par les Fugger est renommé dans toute l'Europe.
Des encyclopédistes, tels Conrad Gesner (1516-1565) ou Ulisse Aldrovandi (1522-1605), s'engagent dans l'inventaire des espèces décrites par les anciens textes auquel ces auteurs ajoutent, en fonction de leurs compétences, la description d'espèces nouvelles locales et exotiques. D'autres savants sont plus spécialisés comme Charles de l'Écluse (ou Carolus Clusius, 1526-1629), professeur à l'université de Leyde, qui contribue à faire connaître la faune exotique, ou Guillaume Rondelet (1507-1566), professeur de médecine renommé de Montpellier, qui étudie l'anatomie des poissons. C'est une époque à la fois marquée par le respect de la tradition et par son analyse critique : Gesner reprend ainsi la description d'animaux fabuleux comme la licorne ou le phénix, mais il doute de leur existence. Peu d'animaux d'intérêt pratique arrivent en Europe (on peut citer le dindon et la pintade), contrairement aux nombreux végétaux qui bouleversent l'économie et la gastronomie de l'Europe : pomme de terre, tomate, cacao, maïs, etc. À cette époque, d'une façon générale, la zoologie est singulièrement en retard par rapport à la botanique, principalement parce que, n'ayant pas une utilité directe aussi importante (la botanique est un élément essentiel des études de médecine), elle ne dispose pas d'enseignements aussi répandus, ni d'ouvrages de même qualité. La zoologie de la Renaissance reste très proche de celle d'un Aristote ou d'un Pline. Elle va connaître une évolution rapide à partir de la seconde moitié du xviie siècle.
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias