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ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)

La révolution technique du microscope

Les observations permises par le microscope (un appareil qui n'est, à ses débuts, qu'une simple lentille) ouvrent toute une série de champs entièrement nouveaux en zoologie et contribuent à lui donner un statut de véritable science.

Avec cet outil, on découvre avec étonnement que l'anatomie d'animaux très petits est aussi complexe que celle des plus grands. Les magnifiques planches de puces, de poux de corps, de taons ou de mouches publiées par Robert Hooke (1635-1703) sous le titre Micrographia(1665) frappent l'opinion. Le microscope n'a pas pour simple usage d'alimenter la curiosité du public – même si celle-ci permet aux scientifiques d'asseoir leur légitimité – mais il devient un outil indispensable à la recherche scientifique et à la description détaillée des animaux. Il permet aussi d'augmenter le nombre de groupes d'animaux connus, comme les rotifères, dont les premières espèces sont décrites par le révérend John Harris (v. 1666-1719) puis par Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723).

L'usage du microscope conduit aussi à formaliser quelques questions biologiques fondamentales en complétant l'observation par l'expérience ou le calcul. Ainsi Leeuwenhoek s'intéresse en 1687 à la ponte d'une mouche (probablement Calliphora erythrocephala) et compte 144 œufs. Il suit leur développement jusqu'à l'émergence des adultes une trentaine de jours plus tard, ce qui permet à Leeuwenhoek de déduire qu'en trois mois, si aucune cause de mortalité ne survient, une seule femelle peut engendrer 746 496 individus. C'est le premier exemple connu de calcul du potentiel biotique et c'est une étape importante dans l'étude de la démographie animale. Leeuwenhoek poursuit son raisonnement en faisant le même genre de calculs pour d'autres espèces et en s'interrogeant sur les facteurs limitants les populations (comme les ressources alimentaires ou le climat). Marcello Malpighi (1628-1694) peut être considéré comme le fondateur de l'histologie et il est le découvreur de nombreuses structures organiques chez l'être humain et les insectes.

Cette volonté d'observer et d'expérimenter sur les animaux va permettre d'approcher un problème central de la zoologie et de la biologie naissante : la génération spontanée des animaux. Francesco Redi (1626-1697) est sans doute le premier à avoir mené des expériences contrant l'idée de génération spontanée. Pour cela, il enferme des cadavres ou des morceaux de viande dans des récipients, certains fermés d'autres non. Seuls ceux qui sont ouverts se couvrent de larves d'insectes nécrophages. Il en tire la conclusion que les animaux (comme d'ailleurs les plantes) n'apparaissent pas spontanément et qu'ils sont toujours le produit de la reproduction d'individus semblables à eux. Cependant, Redi continue d'admettre que, dans certaines circonstances, les tissus d'un organisme peuvent produire des individus d'un autre type. Il donne comme exemple les vers qui apparaissent dans les intestins ou les insectes émergeant des galles. Ses expériences sont reprises par Jan Swammerdam (1637-1680), qui ne parvient toujours pas à découvrir l'origine de certains insectes parasites des tissus végétaux, mais il est convaincu que l'on finira par trouver les adultes. Cette question est enfin résolue par Marcello Malpighi (1628-1694) et par Antonio Vallisnieri (1661-1730), qui découvrent les insectes responsables.

L'abandon de la génération spontanée constitue l'une des conditions d'émergence de la zoologie moderne : en effet, l'apparition de certains animaux n'est plus expliquée par les chairs putrides qui font naître des insectes, mais la multiplication des animaux répond à un même raisonnement, la reproduction sexuée. Cette[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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