- 1. Aristote et les origines de la science des animaux
- 2. La Renaissance, association des sciences antiques aux découvertes
- 3. La révolution technique du microscope
- 4. La zoologie moderne entre unité et morcellement
- 5. De la classification linnéenne à l'anatomie comparée
- 6. L'essor des institutions de recherche
- 7. Fragmentation de la zoologie en nombreuses disciplines
- 8. L'effacement temporaire de la zoologie
- 9. Crise de la biodiversité et renouveau de la zoologie
- 10. Les différents visages des zoologistes
- 11. La nomenclature zoologique
- 12. Bibliographie
ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)
La zoologie moderne entre unité et morcellement
On considère que le fondateur de la zoologie moderne est le Britannique John Ray (1627-1705). Il est d'abord connu pour ses publications remarquables en botanique, où il fonde sa classification sur l'examen de la structure anatomique des fleurs et des fruits ; il propose également un concept précis de la notion d'espèce. Il vient à la zoologie un peu par accident. C'est la mort de son ami Francis Willughby (1635-1672) qui le conduit à reprendre les notes de ce dernier et à faire paraître une série de livres sur les animaux (1676, les oiseaux ; 1686, les poissons ; 1693, les quadrupèdes ; 1705, les insectes). Ray n'est pas qu'un éditeur posthume et l'essentiel des textes, signés parfois du seul nom de Willughby, sont en réalité écrits de sa main. Par sa profonde connaissance de l'anatomie des animaux qu'il dissèque lui-même, Ray fonde sa classification sur la structure de chaque espèce et il applique la même rigueur à la détermination stricte des espèces animales. Chacune de ses publications peut être considérée comme le fondement des différentes disciplines en zoologie (ornithologie, ichtyologie, mammalogie, etc.) car elles donnent la première classification scientifique des grands groupes.
La rupture avec l'héritage des textes anciens, déjà à l'œuvre chez de nombreux auteurs du xvie siècle, est consommée au xviiie siècle. Comme le résume le naturaliste et historien français Antoine Joseph Dezallier D'Argenville (1680-1765) les savants de son temps sont « d'accord entr'eux de ne plus admettre aucune opinion, qu'elle ne fût fondée sur l'expérience, ils veulent aujourd'hui tout approfondir » et de citer Réaumur, Redi, Malphigi, Grew, etc. Charles Bonnet (1720-1793) déplore que l'on ait longtemps vu les auteurs anciens comme « seuls dépositaires des secrets de la Nature, on les consultait comme des oracles ». Et si les zoologistes continuent de citer les travaux de l'Antiquité, du Moyen Âge ou de la Renaissance, c'est le plus souvent à titre historique.
La zoologie se détache de la médecine pour devenir une discipline autonome car l'étude des animaux devient un sujet d'intérêt en lui-même. Durant les xvie et xviie siècles, on mène des études anatomiques d'animaux (souvent appelée zootomie) pour mieux comprendre l'anatomie humaine. Cette perspective change au xviiie siècle, notamment avec les travaux de Louis Jean-Marie Daubenton (1716-1799) qui dissèque les animaux pour eux-mêmes, même si ses études anatomiques sont strictement descriptives et non comparatives.
Le mot zoologie apparaît en français en 1750 par emprunt au latin scientifique zoologia ; il a été précédé par ornithologie (1649) et entomologie (1745). Il est devenu, en 1765, d'un usage suffisamment courant pour faire l'objet d'une courte notice dans le dix-septième tome de l'Encyclopédie. Pour son auteur Louis de Jaucourt (1704-1779), la zoologie traite de tous les animaux, mais ceux-ci sont si diversifiés qu'elle doit être structurée en plusieurs parties en fonction des grands groupes. Jaucourt en retient six : « 1o les quadrupèdes couverts de poil, 2o les oiseaux, 3o les animaux amphibies, comme serpents, lézards, grenouilles, tortues, 4o les poissons, 5o les insectes, 6o les zoophites ».
Dès lors, l'histoire de la zoologie sera dominée par deux courants : une tendance réductionniste qui consiste à aborder l'étude des animaux en fonction d'unités plus petites (taxinomique comme les oiseaux ou les insectes, biologique comme la physiologie ou la génétique, organique comme l'éthologie ou l'écologie) ; une tendance unificatrice qui consiste à relier les différentes sous-disciplines sous l'action d'une interprétation commune (comme l'évolution[...]
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias