- 1. Aristote et les origines de la science des animaux
- 2. La Renaissance, association des sciences antiques aux découvertes
- 3. La révolution technique du microscope
- 4. La zoologie moderne entre unité et morcellement
- 5. De la classification linnéenne à l'anatomie comparée
- 6. L'essor des institutions de recherche
- 7. Fragmentation de la zoologie en nombreuses disciplines
- 8. L'effacement temporaire de la zoologie
- 9. Crise de la biodiversité et renouveau de la zoologie
- 10. Les différents visages des zoologistes
- 11. La nomenclature zoologique
- 12. Bibliographie
ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)
De la classification linnéenne à l'anatomie comparée
La zoologie est profondément marquée par le système de classification des plantes mis au point par le Suédois Carl von Linné (1707-1778). Cette méthode est jugée très vite révolutionnaire, car elle permet de caractériser facilement n'importe quel organisme grâce à quelques critères parfaitement définis. Selon le naturaliste britannique Oliver Goldsmith (1730 ?-1774), « un système d'histoire naturelle pourrait être, dans une certaine mesure, comparé à un dictionnaire de mots. Chacun n'a d'autre but que d'expliquer le nom des choses, mais avec cette différence que, dans le dictionnaire de mots, nous partons du nom d'un objet pour arriver à sa définition, tandis que dans un système d'histoire naturelle, nous partons de la définition pour trouver le nom ». Le SystemaNaturae de Linné (première édition en 1735, douzième en 1768) marque le début de la zoologie descriptive. Les zoologistes se lancent dans d'imposants inventaires qui augmentent rapidement le nombre d'espèces connues. Ainsi, Étienne-Louis Geoffroy (vers 1725-1810) décrit environ 2 000 espèces d'insectes, ce qui dépasse largement les 800 ou 900 décrites par Linné lui-même.
La mise en ordre de la classification et du système de dénomination n'est ni anecdotique ni sans conséquences, car il s'agit tout d'abord de savoir de quels organismes on parle. Comme le résume Georges Cuvier (1769-1832) en 1807, « la détermination précise des espèces, et de leurs caractères distinctifs fait la première base sur laquelle toutes les recherches de l'Histoire naturelle doivent être fondées ; les observations les plus curieuses, les vues les plus nouvelles perdent presque tout leur mérite quand elles sont dépourvues de cet appui ; et malgré l'aridité de ce genre de travail, c'est par là que doivent commencer tous ceux qui se proposent d'arriver à des résultats solides ».
C'est l'anatomie comparée qui offre, au début du xixe siècle, un cadre conceptuel et programmatique à cette entreprise de classification et qui dynamise les recherches zoologiques : les publications (monographies ou périodiques) comme les sociétés savantes se multiplient. L'ouvrage le plus important de cette époque est Le Règne animal distribué d'après son organisation : pour servir de base à l'histoire naturelle des animaux, et d'introduction à l'anatomie comparée de Georges Cuvier (première édition en 1817), qui fait l'objet de nombreuses traductions souvent enrichies. Les observations anatomiques permettent d'appuyer la classification et de justifier la séparation des différents groupes ou au contraire la réunion d'espèces, c'est une méthode unifiée qui est appliquée à l'ensemble du règne animal. Pour Cuvier (1817), le « système de la nature » est « un grand catalogue dans lequel tous les êtres portent des noms convenus, puissent être reconnus par des caractères distinctifs, et soient distribués en divisions et subdivisions, elles-mêmes nommées et caractérisées, où l'on puisse les chercher ». La méthode permettant d'établir ce système doit être fondée sur la « subordination des caractères » : les caractères n'ont pas tous les mêmes valeurs, certains sont importants ou dominateurs, d'autres sont subordonnés. C'est la méthode naturelle, définition même de la science pour Cuvier, qui conduit logiquement à définir des plans d'organisation correspondant aux quatre grands groupes zoologiques : les vertébrés, les mollusques, les articulés et les rayonnés. La pertinence de l'anatomie comparée permet à cette nouvelle discipline de devenir la base même de la zoologie.
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias