- 1. Aristote et les origines de la science des animaux
- 2. La Renaissance, association des sciences antiques aux découvertes
- 3. La révolution technique du microscope
- 4. La zoologie moderne entre unité et morcellement
- 5. De la classification linnéenne à l'anatomie comparée
- 6. L'essor des institutions de recherche
- 7. Fragmentation de la zoologie en nombreuses disciplines
- 8. L'effacement temporaire de la zoologie
- 9. Crise de la biodiversité et renouveau de la zoologie
- 10. Les différents visages des zoologistes
- 11. La nomenclature zoologique
- 12. Bibliographie
ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)
Fragmentation de la zoologie en nombreuses disciplines
Depuis le voyage de Pierre Belon (1517-1564) au Moyen-Orient au milieu du xvie siècle, de nombreux zoologistes ont exploré le monde et ont contribué à l'inventaire des animaux. Les grandes expéditions scientifiques du xviiie siècle, menées notamment par James Cook (1728-1799) ou par Lapeyrouse (1744-1818), font oublier d'autres expéditions aux résultats scientifiques pourtant plus importants, telles que celles du Beagle (1831-1836) ou du Challenger (1872-1876), ou le fait que la plupart des voyages ont été financés par les scientifiques eux-mêmes comme ceux d'Alexander von Humboldt (1769-1859) ou d'Alfred Russel Wallace (1823-1913).
L'école allemande joue un rôle central dans l'émergence et la diffusion d'une nouvelle approche de la zoologie fondée sur la méthode comparative. L'anatomie interne des animaux devient le support d'études plus générales qui contribuent à donner une place plus grande à la zoologie. Ses principaux fondateurs sont Karl Ernst von Baer (1792-1876) avec son traité d'embryologie (1828) et Johannes Peter Müller (1801-1858) avec son manuel de physiologie comparée (1833). Le développement de la morphologie est l'un des moteurs de l'essor de la zoologie mais aussi, d'une façon générale, de la biologie. Le terme morphologie a alors un sens plus large qu'aujourd'hui et recouvre l'embryologie, la systématique, l'écologie, l'éthologie, etc.
À partir des années 1860, la théorie de l'évolution rajeunit cette approche, notamment à travers l'œuvre de Carl Gegenbaur (1826-1903), un des plus actifs promoteurs d'une morphologie fondée sur la théorie de l'évolution, qui reprend la méthode comparative conçue par Georges Cuvier et ses successeurs. Gegenbaur tente ainsi de développer une science morphologique explicative en opposition avec la physiologie, qui serait simplement descriptive. Parmi ses travaux les plus importants figure l'analyse comparative du développement de la tête chez les requins. Ernst Haeckel (1834-1919) joue lui aussi un rôle essentiel pour l'intégration des idées de Darwin dans les recherches en anatomie et en morphologie comparatives. Il ne se limite pas à la seule recherche académique, il popularise activement la théorie de l'évolution et participe au renouveau des recherches biologiques, notamment celles qui tentent de relier l'ontogénie à la phylogénie (les différentes phases de développement de l'embryon seraient comme des traces de l'histoire évolutive de l'animal).
La morphologie évolutive est un projet scientifique global qui, en étudiant les relations entre la structure et la fonction d'un animal, interroge les relations entre un organisme et son environnement, et entre les espèces actuelles et anciennes. L'influence allemande s'exerce principalement par ses universités qui attirent de nombreux étudiants étrangers, mais cette école traverse bientôt une crise profonde et se désintègre au début du xxe siècle avec l'arrivée de la génétique mendélienne. Les recherches en morphologie évolutive connaissent aujourd'hui un profond renouveau avec l'essor de la génétique évolutive du développement (connu sous l'acronyme évo-dévo, de l'anglais evolutionarydevelopmentalbiology).
Au Royaume-Uni, la figure dominante est Thomas Henry Huxley (1825-1895) qui, à l'instar d'Haeckel, est l'un des plus actifs propagandistes de la théorie de l'évolution. Pour Huxley, l'étude du vivant ne doit plus correspondre à l'ancien schéma naturaliste : il préfère parler de biologie (un projet unificateur réunissant notamment la zoologie et la botanique) et propose qu'elle se fixe comme objectif l'étude de la forme (par la morphologie) et de la fonction (par la physiologie).[...]
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias