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ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)

Crise de la biodiversité et renouveau de la zoologie

La crise qui touche la biosphère et la menace qui pèse sur l'avenir de la diversité de la vie (qu'elle concerne les espèces, les écosystèmes ou la diversité génétique) rendent possible, dans les années 1970 et 1980, une nouvelle tentative d'unification de la zoologie. Il s'agit de synthétiser les données provenant d'un vaste réseau de disciplines allant de la biologie moléculaire à l'éthologie et de fonder les bases d'une zoologie intégrative.

C'est durant le 19e Congrès international de zoologie de Pékin, en 2004, qu'est créée la Société internationale de zoologie intégrative, hébergée par l'Académie des sciences chinoises. Cette organisation revendique plus de six cents membres individuels et plus de soixante-dix institutions, représentant un total de plus de trente et un mille zoologistes. Une nouvelle dynamique semble lancée, notamment grâce à l'action des scientifiques chinois qui organisent régulièrement des congrès internationaux de zoologie intégrative.

L'une des figures les plus marquantes de l'unification de la zoologie sous la contrainte des changements environnementaux est certainement l'Américain Edward Osborne Wilson (1929-2021). Spécialiste des insectes sociaux et de l'évolution, à l'origine d'une théorie très controversée, la sociobiologie, Wilson souhaite, lui aussi, unifier les différentes disciplines de la biologie (principalement l'éthologie, l'écologie et la génétique) pour construire une théorie globale du comportement social de toutes sortes d'organismes, y compris de l'être humain. La sociobiologie a largement contribué, par les débats virulents qu'elle a suscités, à revigorer les recherches sur le comportement des animaux et sur sa signification évolutive. Par ailleurs, Wilson s'est fait connaître du grand public par son action en faveur de la sauvegarde de l'environnement, en contribuant à populariser le concept de biodiversité et en s'interrogeant sur les relations entre l'être humain et la nature. À ce titre, son œuvre scientifique comme ses engagements illustrent parfaitement le statut du zoologiste dans la société moderne, recherchant une approche unifiée (ou intégrative) de connaissances éclatées dans différentes disciplines et faisant de la zoologie un véritable outil de conservation du patrimoine naturel.

On retrouve ce mouvement au Muséum de Paris où, il y a quelques années, les intitulés des laboratoires d'origine (laboratoires d'ichtyologie, d'entomologie, de paléontologie, etc.) ont été abandonnés au profit d'intitulés transdisciplinaires (écologie et gestion de la biodiversité ; régulations, développement et diversité moléculaire ; hommes, nature, sociétés, etc.), formant autant d'unités de recherche appliquée ou fondamentale.

Les zoologistes ont été confrontés, durant quatre siècles, à une constante problématique : garder la cohérence de leur discipline tout en étant obligés de se spécialiser. Ce problème n'est pas simplement épistémologique : la recherche scientifique ne peut pas exister sans un soutien social effectif, allant du financement de la recherche à la constitution de réseaux d'observateurs bénévoles. Le maintien de la zoologie permet non seulement de disposer d'un intitulé générique plus facile à médiatiser que celui des différentes disciplines qui la constituent, mais aussi de permettre la formation d'un groupe de pression numériquement plus important. Aujourd'hui, la zoologie trouve une légitimité et une cohésion dans l'aggravation des menaces qui pèsent sur la biosphère, mais reste, comme tous les projets pluridisciplinaires, très fragile.

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

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