ZOR
Utilisé par les nomades du Moyen-Orient, le mot arabe zor désigne la végétation broussailleuse qui couvre les terrasses inférieures des vallées des fleuves du désert, particulièrement celles du Jourdain et de l'Euphrate. Le Jourdain déroule ses méandres dans le zor, vallée alluviale inondable, humide, partiellement recouverte d'une végétation subtropicale ; le zor est lui-même incisé dans le ghor, ensemble de terrasses plates, sèches et ravinées constituant l'essentiel du fond du fossé du Jourdain ; le zor du Jourdain est resté longtemps abandonné et inexploité. Cependant, le nom de zor est surtout réservé à la vallée moyenne de l'Euphrate, en territoire syrien et jusqu'à Hit en Irak, avec les basses vallées de ses deux affluents, le Balikh et le Khabour. Paradoxalement, cette vallée alluviale assez prospère dans l'Antiquité, comme en témoignent les ruines de Mari et de Doura-Europos, déclina par la suite pour être presque complètement abandonnée pendant plusieurs siècles : pendant environ dix siècles, le zor resta un simple lieu de pâturage l'été pour les Bédouins, sans ville ni village permanent. La mise en valeur a commencé au xixe siècle avec la sédentarisation de quelques groupes nomades et la création, ou la résurrection, des villes : Deir ez Zor en 1860, Raqqa, ancienne cité abbasside, peu de temps après, Abou Kemal en 1881. Mais, jusque vers 1960, l'occupation et la mise en valeur du zor donnaient une impression d'improvisé, d'inachevé. La construction du grand barrage de Tabqa, à la fin des années 1960, a transformé la région en permettant de l'irriguer et en fournissant de l'énergie électrique. Des villes nouvelles ont surgi, les villages se sont multipliés : le zor est devenu une des régions les plus dynamiques de la Syrie. Culturellement, le zor apparaît comme une zone tampon entre la Mésopotamie (bas Irak) et le monde syro-anatolien.
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Écrit par
- Jean-Marc PROST-TOURNIER : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth
Classification
Autres références
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- Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
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