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ZOROASTRISME

La religion de Zoroastre (forme grecque de Zarathuštra) fut celle de l'Iran avant qu'il ne fût islamisé par la conquête arabe. On la nomme aussi « mazdéisme », du nom de son dieu suprême, Ahura Mazdāh (le Seigneur Sage), ou « parsisme », du nom des Parsis (Persans) qui, vers le xe siècle, pour échapper à la domination musulmane, émigrèrent de Perse vers l'Inde du Nord-Ouest où ils forment encore une communauté solide et prospère. Ce fut par elle que la langue et les textes de l'antique religion de l'Iran parvinrent à la science européenne, grâce à l'enquête de A. H. Anquetil-Duperron (1771). C'est donc une religion vivante, dont on peut suivre l'histoire des croyances dans ses livres anciens, et le culte dans sa pratique actuelle, fort traditionnelle, tant en Inde qu'en Iran. Les témoignages anciens portés de l'extérieur sont souvent difficiles à interpréter et à concilier avec les textes zoroastriens, dont les principaux sont notoirement obscurs. Il en résulte parmi les savants des divergences d'opinion considérables sur presque toutes les questions importantes : historicité, date et habitat de Zarathuštra, sens obvie des textes fondamentaux sur la doctrine et le culte. Cette absence quasi totale de consensus est un cas unique dans l'histoire des religions. C'est une situation que cet exposé n'entend pas masquer : son éclectisme même laissera subsister les incertitudes.

Pour être en mesure de restituer la personnalité historique de Zarathuštra, force est d'abord, on le verra, de dégager le genre littéraire, la doctrine et le terrain d'origine des écrits qui émanent ou qui parlent de lui.

Les Gāthā

De toute la littérature avestique, les Gāthā sont les textes les mieux assurés, en raison de leur dialecte, et les plus sacrés : provenant, selon la tradition, de Zarathuštra lui-même, et lourdes d'une autorité incontestée, elles sont actuellement insérées dans le Yasna, rituel du sacrifice du haoma, dont elles constituent les chapitres (ha) 28 à 34, 43 à 51 et 53. À vrai dire, ces divisions découpent le texte de cinq Gāthā : Ahunavaiti (Y. 28-34), Uštavaiti (Y. 43-46), Spenta Mainyu (Y. 47-50), Vohuxšathra (Y. 51) et Vahistōišti (Y. 53). Entre la première et la deuxième se place une Gāthā des Sept Chapitres, qui est un texte postérieur et non métrique. Leur langue, proche du védique, est masquée par une graphie qui, sans doute pour des raisons musicales, allonge toutes les finales, confondant ainsi les désinences casuelles et accroissant l'obscurité d'un texte déjà concis et allusif.

Au faîte du monde divin que chantent ces poèmes, le dieu suprême créateur et promoteur de l'ordre cosmique et moral, Ahura Mazdāh, le Seigneur Sage, vers qui montent la prière et l'adoration, règne sur plusieurs catégories divines. Ce sont d'abord les Ameša Spenta, Immortels Bénéfiques : Vohu Manō, la Bonne Pensée ; Aăa Vahišta, la Meilleure Rectitude ; Xšathra Varya, l'Empire Désirable ; Spenta Armaiti, la Bénéfique Pensée Parfaite ; enfin, Haurvatāt et Ameretāt, Intégrité et Non-Mort. Les Gāthā parlent de rapports de parenté entre Ahura Mazdāh et certains de ces six, et la tradition fera d'eux les premières des créatures, créatures qui sont néanmoins les divinités adorables qualifiées d'une épithète qui équivaut au nom de dieu, yazata. Ces divinités, dont le principe est un dieu suprême et qui, sans être créatrices, habitent avec lui, seront présentées comme présidant chacune à un domaine de la nature, leur « fonction » étant dans l'ensemble moins marquée dans les Gāthā. Mais le panthéon védique permet des rapprochements qui éclairent la préhistoire religieuse de l'Iran (G. Dumézil) et précisent le caractère de ces dieux où certains auteurs n'ont vu que des « aspects » d'Ahura Mazdāh, alors qu'un[...]

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  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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