ZOROASTRISME
Eschatologie
Dès les Gāthā, l'eschatologie comporte un passage discriminatoire, le pont Cinvat, aboutissant après la mort à un enfer ou à un paradis, séjour des bienheureux et d'Ahura Mazdāh lui-même. La résurrection est promise dans le nom même du sixième des Bénéfiques Immortels. Ameretatat, la non-mortalité par excellence. Deux notions, dont la première est à peine perceptible dans les Gāthā, enrichissent et caractérisent cette eschatologie : celle des Fravarti, « doubles » tutélaires des êtres humains, qui se confondent parfois avec les âmes des morts. Une fête annuelle en leur honneur atteste la fidélité que leur vouent les vivants, et le Yašt 13 qui leur est consacré renferme des listes de héros disparus dignes de commémoration.
L'autre, plus riche et plus personnelle, celle de daēna (plus tard, dēn, puis dīn), est à la fois la « religion » comme corps de croyance et l'aspect ou faculté de l'âme par où elle touche au transcendant et, à ce titre, se détache de la personnalité empirique. Un récit attesté dès l'Avesta dépeint l'âme, parvenant au paradis, accueillie par une belle jeune fille qui se révèle être l'incorporation de tout ce qu'elle a pensé, dit ou fait de bien. À l'inverse, l'âme damnée rencontre une horrible mégère qui représente tous ses méfaits. Dēn a ensuite désigné la « Bonne » Dēn, c'est-à-dire le zoroastrisme et ce qui, dans l'âme humaine, lui fait face. Il est fort probable que le mot arabe dīn, religion, vient de l'iranien plutôt que de la racine sémitique dyn, juger. On a là l'expression de la survivance de la personnalité humaine, qu'on retrouvera plus tard épanouie dans la croyance à la résurrection des corps ; mais on ne saurait affirmer que ce développement soit un ajout. Le nom qui sera celui des « sauveurs », dont l'apparition scandera le rythme de l'histoire, désigne dans les Gāthā le champion sur qui peut compter Zarathuštra, le Saošyant, dont la personnalité n'apparaît pas encore clairement, mais qui fait déjà partie de l'historiosophie zoroastrienne.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean de MENASCE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
Autres références
-
AFGHANISTAN
- Écrit par Daniel BALLAND , Gilles DORRONSORO , Encyclopædia Universalis , Mir Mohammad Sediq FARHANG , Pierre GENTELLE , Sayed Qassem RESHTIA , Olivier ROY et Francine TISSOT
- 37 316 mots
- 19 médias
La période historique commence en Afghanistan au Ier millénaire avant J.-C., avec la réforme religieuse prêchée par le prophète Zoroastre, en Bactriane, dans la vallée de l' Amou-Daria (l'Oxus des historiens classiques). La nouvelle religion, fondée sur une conception dualiste du monde... -
AHURA MAZDĀ
- Écrit par Jean VARENNE
- 327 mots
La religion iranienne ancienne place au sommet de son panthéon un dieu qu'elle nomme Ahura Mazdā (le Seigneur sage) et dont la réforme zoroastrienne (vers le ~ viie s.) fit le souverain unique de la création. La comparaison avec les autres mythologies indo-européennes, et particulièrement...
-
ANQUETIL-DUPERRON ABRAHAM HYACINTHE (1731-1805)
- Écrit par Jean VARENNE
- 865 mots
Orientaliste français qui révéla à l'Europe les livres sacrés du zoroastrisme et de l'hindouisme. La curiosité des Européens pour les civilisations anciennes d'Orient (Perse, Inde...) date des premières découvertes de Marco Polo et de Vasco de Gama ; accrue au cours des siècles,...
-
ARDACHIR Ier (mort en 241) roi des Perses (224-241)
- Écrit par Philippe OUANNÈS
- 403 mots
- 2 médias
Petit-fils de Sāsān, ancêtre éponyme de la dynastie sassanide qu'Ardashīr (Ardachir) contribua à fonder. Jeune encore, il obtient de son suzerain Gushihr, le commandement militaire de la ville de Darabdjird. Il étend peu à peu son pouvoir sur les villes voisines, en les assiégeant, en tuant les...
- Afficher les 26 références