ZOROASTRISME
Le culte
La persistance du culte zoroastrien offre des données plus sûres. Le Yasna est tout entier consacré au sacrifice du haoma et les rubriques, notées en pehlevi, sont, dans l'ensemble et avec des variantes assez légères, encore en vigueur aujourd'hui. Le pressurage de tiges de haoma (sanskrit : soma) fournit une liqueur qui est consommée dans un mélange de lait et d'eau en offrande aux dieux et aux éléments du feu et de l'eau. Y sont associées des offrandes de lait, d'eau et d'un peu de beurre, reste d'une offrande animale attestée dans les textes. Avant d'assumer les proportions considérables dont témoignent les vieux rituels védiques, l'agnistoma indien était peut-être aussi simple. Les textes avestiques incorporent des éléments qui n'étaient sans doute pas primitifs : ainsi le Yasna haptahanti, le Hom Yašt et le Sroš Yašt. Les « invitations » initiales à tous les dieux permettent d'embrasser le panthéon le plus vaste, et l'office est constamment rythmé par les grandes prières sacrées de la religion, celles qu'on récite en toute occasion en les répétant plusieurs fois.
La place occupée par le feu est plus importante, et de beaucoup, que les textes du Yasna ne le laissent supposer. Dans les Gāthā, le Feu, fils d'Ahura Mazdāh, n'est nommé que deux fois (Y. 31, 19 et 51, 9), dans le contexte d'un jugement eschatologique qui annonce et la pratique de l'ordalie judiciaire et la transfiguration eschatologique du monde. Y. 17 énumère les feux selon leur origine naturelle, y comprenant celui qui entretient la vie, celui de la foudre céleste et celui qui brûle au paradis suprême (garotman). Une autre classification, non moins vivante, rattache chacun des feux à une classe sociale : prêtres, guerriers et paysans. On a ainsi le Feu Atur Farnbag (de Farr, équivalent de xvarenah, le charisme divin), qui revient éminemment aux prêtres ; le Feu Gušnāsp (« au cheval mâle »), feu des guerriers et des rois ; le Feu Burzin Mihr, qui contient le nom de Mithra et qui protège les agriculteurs. Dans les textes pehlevis très postérieurs, les traditions mythiques sur la localisation de leurs sanctuaires principaux, qui se rattache à l'Avesta, se combinent avec des données réelles de l'époque sassanide, tout en reflétant un état ancien de la géographie religieuse qui renvoie à l'Iran oriental.
Une troisième classification, de caractère cultuel, se fonde sur l'importance inégale des feux. Le Feu Varharām, roi des feux, exige une longue préparation qui commence par la « collecte » de seize feux d'usage courant : feux d'un prêtre, d'un roi, mais aussi d'un foulon, d'un maçon, d'autres artisans et, chez les Parsis de l'Inde, d'une incinération de cadavre. On les « purifie », c'est-à-dire qu'on ne retient que la dernière des ignitions successives opérées à distance sur des matières inflammables (il peut y en avoir jusqu'à quatre-vingt-onze) ; on les consacre par les offices du Yasna et du Visprat ; on les installe enfin dans un temple qui doit lui-même être consacré. Ce rituel, fort long, est utilisé pour des feux majeurs, uniques dans une ville ou une région donnée. Le feu de deuxième catégorie, Ataš Adur, n'a que quatre composantes et peut en principe être établi dans toute bourgade où résident dix familles zoroastriennes. Enfin, un troisième feu est celui que l'on consacre à l'occasion de l'installation d'un temple. La propriété d'un feu par une famille entraînait des obligations, notamment en droit successoral, dont on connaît le détail pour l'époque sassanide. La garde de certains feux pouvait constituer une charge honorifique, une sorte de bénéfice dont la collation revenait au roi.
Si l'attestation récente de ces pratiques n'est pas[...]
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Écrit par
- Jean de MENASCE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
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