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MÓRICZ ZSIGMOND (1879-1942)

Grande figure du réalisme hongrois dans la première moitié du xxe siècle, ce romancier puissant se distingue par l'étendue de ses thèmes et sa vision nuancée. Engagé au service de sa mission humanitaire, chacun de ses écrits peut être considéré comme un signal de détresse exhortant à la transformation fondamentale de son pays. Son œuvre offre une vue d'ensemble de la société magyare contemporaine, laissant transparaître les problèmes de sa vie privée qu'il cherche à élucider.

Une carrière d'auteur

Né à Csécse, Zsigmond Móricz est étroitement lié par ses origines à la paysannerie, mais son instruction le voue à une carrière intellectuelle. De pénibles recherches d'expression aboutissent à la nouvelle Sept Sous (Hét krajcár, 1909) : sa voie est tracée, sa valeur reconnue, il devient le chroniqueur de la province hongroise. Son premier roman, Fange et or (Sárarany, 1910), imprégné de naturalisme, retrace l'ascension et la chute brutale d'un paysan révolté contre sa condition, personnage dont son père lui avait fourni le modèle. Derrière le dos de Dieu (Isten háta mögött, 1911) est l'histoire tragi-comique d'une Madame Bovary hongroise. Le Flambeau (A fáklya, 1917) illustre, à travers le calvaire d'un jeune pasteur de village, l'échec des intellectuels qui veulent sauver le monde grâce à l'amour du prochain.

Il est reporter pendant la guerre et, en pacifiste convaincu, décrit ses effets déshumanisateurs dans Pauvres Gens (Szegény emberek, 1916). Son enthousiasme pour les révolutions de 1918-1919 lui vaut d'être persécuté à l'heure de la terreur blanche ; exclu des sociétés littéraires, il se retire à la campagne et publie, en 1920, Sois bon jusqu'à la mort (Légy jó mindhalálig), récit des souffrances d'un enfant dans le monde des adultes. À la même époque, il fait triompher la pureté morale dans Papillon (Pillangó, 1925), idylle d'amour de jeunes paysans se déroulant sur un arrière-plan de misère. Il consacre plusieurs romans à la noblesse décadente et parasite, Ripailles des seigneurs (Úri muri, 1928), La Famille (Rokonok, 1932). Rédacteur de la revue Nyugat (Occident) à partir de 1929, il se retire en 1933, ses principes militants étant incompatibles avec l'esprit purement littéraire de la revue.

Vers 1930, il ouvre son œuvre aux problèmes de la bourgeoisie urbaine et à ceux de la banlieue ouvrière. Dans Barbares (Barbárok, 1932), la structure du récit change : thèmes et formes deviennent plus dramatiques, l'atmosphère rappelle celle de la ballade folklorique.

En 1935, il termine sa trilogie historique Transylvanie (Erdély), dont les personnages principaux, les princes Báthory et Bethlen, incarnent à la fois des comportements humains différents et des idées de transformation nationale contraires. Leur complexité déjoue toute interprétation simpliste : l'un représente tantôt la révolution, tantôt la destruction, l'autre la réforme ou la construction.

C'est dans la paysannerie que Móricz voit une possibilité de sauver le pays au seuil de la guerre, et il dirige la revue Peuple d'Orient (Kelet Népe, 1939-1942) dans cet esprit. Il écrit Un homme heureux (Egy boldog ember, 1935), roman en forme de reportage où la prospérité toute relative du héros est l'unique condition de son bonheur. Il publie ensuite Árvácska (1940) où s'expriment en « psaumes » les malheurs d'une jeune orpheline. Brigand (Betyár, 1936) et Rózsa Sándor (1941-1942) ont pour héros des paysans devenus bandits d'honneur. Sa dernière œuvre a la grandeur et l'universalité des mythes des épopées populaires. Móricz mourut à Leányfalu, près de Budapest, où il s'était retiré.

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    ...confortables ; le théâtre, en effet, reste la tentation majeure, comme moyen de contact plus direct avec un public lent à s'émouvoir. Tel fut le cas de Zsigmond Móricz (1879-1942), le premier romancier hongrois du siècle, auteur d'une série de tableaux critiques, à la fois passionnés et poétiques, conteur...