ZUOZHUAN [TSO-TCHOUAN]
Le Zuozhuan, appelé aussi Zuoshi zhuan, est un des treize livres du canon confucianiste. Comme le Gongyang zhuan et le Guliang zhuan, il se présente sous la forme d'un commentaire du Chunqiu, la chronique de l'État de Lu, attribuée à Confucius, qui décrit les événements survenus dans cet État entre les années ~ 722 et ~ 481. L'auteur du livre, selon Sima Qian (Shiji, 14), serait Zuo Qiuming, un sage de Lu cité par Confucius dans Lunyu (5, 24), mais cette attribution est sûrement erronée : des prédictions faites dans le Zuozhuan montrent que son auteur connaissait des événements survenus à la fin du ~ ive siècle, un siècle et demi après la mort de Confucius. Selon H. Maspero (Mélanges chinois et bouddhiques, 1931-1932), le livre dont on dispose aujourd'hui est en fait un amalgame de deux textes distincts, tous les deux datant des confins du ~ ive et du ~ iiie siècle : un cours commentaire du Chunqiu et une histoire d'une période qui déborde légèrement la chronologie du Chunqiu au début et à la fin et qui raconte principalement non pas les événements de l'État de Lu (sujet du Chunqiu) mais ceux de la lutte des États de Qi, puis de Jin, contre Chu, mis dans le cadre chronologique de Jin — les conclusions de Maspero sont confirmées en partie par les conclusions indépendantes de Kamada Tadashi (Saden no seiritsu to sono tenkai, 1963). Pour que ces textes suivent l'ordre chronologique du Chunqiu, il fallut découper la partie purement historique, et le récit du Zuozhuan en souffrit évidemment beaucoup. Il y a des lacunes gênantes, des personnages qui apparaissent ou disparaissent sans qu'on sache pourquoi, des contradictions entre le texte du Chunqiuet celui du Zuozhuan. Le style de l'auteur montre aussi certaines particularités qui déroutent le nouveau lecteur. Mais ces défauts ne diminuent que très peu la valeur extraordinaire du livre. Aucun autre texte de l'Antiquité chinoise (ou peut-être, comme le dit Legge, d'aucun pays au monde) ne donne un portrait aussi vivant, ne nous plonge d'une façon aussi totale dans les réalités de la vie antique ; c'est une source unique pour l'étude de la sociologie de la Chine antique, une source souvent exploitée mais qui est loin d'avoir livré tous ses secrets. C'est sans doute ce parti pris pour les « faits » ou « réalités » (shi) de la vie quotidienne et une certaine indifférence à l'égard de ce qui concerne les « significations » (yi) éthiques derrière ces faits qui ont indigné des traditionalistes (tel Kang Youwei à la fin du xixe siècle). Au lieu de montrer les hommes antiques idéalisés, l'auteur du Zuozhuan, en bon historien, les montre comme ils étaient vraiment.
Les deux traductions les plus utilisées sont celles de J. Legge (Chinese Classics, V, 1-2, Hong Kong, 1872) et de S. Couvreur (Hejianfu, 1914).
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Écrit par
- Donald HOLZMAN : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
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