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ZVIAGUINTSEV ANDREÏ (1964- )

Paysages

Né en Sibérie, Andreï Zviaguintsev insère l’action de ses films dans la nature, évoquée par de magnifiques décors extérieurs : les champs, les vallons et les collines de Moldavie étendues à perte de vue dans Le Bannissement ; les forêts près de Moscou dans Faute d’amour. À l’ouverture du film, les battements sourds, violents, aux accents métalliques (reposant sur la répétition d’une seule note) de la musique d’Evgueni Galperine nous introduisent dans l’univers d’une forêt. Neuf plans d’ensemble fixes nous donnent à contempler au fond d’un ravin, à côté d’une rivière en partie gelée, un segment de forêt recouvert de neige. S’imposent à notre regard d’épais troncs d’arbres couchés sur le sol, des arbres desséchés, des branches sèches enneigées. Trois des séquences consacrées à la recherche d’Aliocha se déroulent en forêt. Léviathan s’ouvre à l’aube sur des plans d’ensemble fixes d’un ciel gris et d’une mer déchaînée dont l’écume se fracasse sur des rochers. Scandée par les accents répétitifs de la musique de Philip Glass (extraits de son opéra Akhnaten), cette ouverture, par les liens noués entre le ciel, la mer et la Terre, nous révèle un univers de beauté et de désolation. Dans Le Retour, les images de l’eau dessinent le leitmotiv plastique qui, de l’ouverture au terme du récit, scande les péripéties de l’intrigue. Lieu du tournage du film, le lac Ladoga évoque une mer et nous apparaît, tour à tour, comme une voie d’accès à l’île, un terrain d’épreuve pour les enfants (le maniement des rames de la barque par mauvais temps), un lieu de pêche et enfin une tombe lorsque le père couché dans la barque s’enfonce dans les profondeurs de l’eau.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, critique de cinéma

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