10-12 décembre 2007
Libye - France. Visite controversée de Muammar Kadhafi en France
Le 10, Muammar Kadhafi, le Guide de la révolution libyenne, entame sa première visite en France depuis 1973. La démarche est présentée par Paris comme « une étape décisive du retour progressif de la Libye au sein de la communauté internationale ». La visite du chef d'État libyen suscite en France de nombreuses critiques, dans l'opposition comme au sein du camp présidentiel. Dans un entretien accordé au Parisien, la secrétaire d'État aux Droits de l'homme Rama Yade déclare que « Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits ». La veille, en marge du sommet euro-africain de Lisbonne, le colonel Kadhafi avait demandé des compensations financières aux pays autrefois colonisateurs et déclaré comprendre « le recours des faibles au terrorisme ». Muammar Kadhafi signe à Paris de nombreux contrats, pour un montant d'une dizaine de milliards d'euros, dont un mémorandum sur la « fourniture d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires pour le dessalement de l'eau de mer » – Tripoli a renoncé à son programme nucléaire militaire en 2003.
Le 11, dans un entretien diffusé par France 2, le colonel Kadhafi déclare qu'il n'a pas évoqué les droits de l'homme avec son hôte français, contredisant des propos tenus la veille par Nicolas Sarkozy, et dénonce l'« internationalisation » du conflit du Darfour, que défend Paris. À l'U.N.E.S.C.O., devant un parterre d'invités africains, il affirme qu'« avant de parler de droits de l'homme, il faut vérifier que les étrangers bénéficient [en France] de ces droits ».
Le 12, au terme d'un nouvel entretien avec Nicolas Sarkozy, Muammar Kadhafi condamne, à la demande du président français, les attentats meurtriers perpétrés la veille à Alger par la branche d'Al-Qaida pour le Maghreb islamique.