10-14 novembre 1984
France. Différend entre la majorité et l'opposition sur la sécurité à partir de trois faits divers
Le 10, à Epône (Yvelines), un jeune travailleur turc, Kemal Ozgül, est tué d'un coup de fusil par un vigile devant les locaux de son entreprise. En raison d'un conflit social, il tentait, avec d'autres salariés, membres comme lui de la C.G.T., d'occuper l'usine. Le vigile, d'origine caremounaise, le P.-D.G. et l'un de ses fils sont inculpés, tandis que la C.G.T. dénonce « la violence organisée par le patronat ».
Le 11, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), un salon de thé fréquenté par les membres de la communauté turque est pris pour cible par un jeune chômeur, Frédéric Boulay, qui affirme « ne pas aimer les étrangers » : deux Turcs sont tués et cinq autres blessés.
Le 12, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, une vieille dame est découverte à son domicile, assassinée, après avoir subi des sévices. Depuis le 4 octobre dernier c'est la neuvième personne âgée tuée à Paris dans des conditions similaires, dont six dans le XVIIIe arrondissement.
Ce même 12 novembre, afin de répondre à l'émotion suscitée par ces drames dans l'opinion, mais aussi à l'exploitation politique que certains responsables de l'opposition ne manquent pas d'en faire, François Mitterrand se rend à l'Institut médico-légal pour s'incliner devant les dépouilles mortelles de Kemal Ozgül et de l'une des vieilles dames assassinées. Tandis que des mesures de protection et un renforcement des effectifs de police sont décidés dans le XVIIIe arrondissement, la controverse sur la peine de mort est relancée par l'opposition.
Le 14, Laurent Fabius, à l'Assemblée nationale, reproche vivement à l'opposition l'exploitation politique du thème de l'insécurité.