10-18 février 2022
France. Annonce du programme énergétique du président Emmanuel Macron
Le 10, Électricité de France (EDF) et le groupe américain General Electric (GE) confirment le projet de rachat par le premier d’une partie de l’activité nucléaire de GE Steam Power. Cette entité est issue de la vente à GE par le français Alstom de sa branche énergie, en 2015 – vente qui fut validée par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. GE Steam Power produit, à Belfort (Territoire de Belfort), les turbines à vapeur Arabelle qui équipent notamment la plupart des centrales nucléaires françaises.
Le 10 également, le président Emmanuel Macron présente à Belfort, sur le site de GE Steam Power, son programme visant à « reprendre le contrôle de notre destin énergétique », au nom de la « souveraineté nationale ». Il évoque la nécessité, en trente années, de « baisser de 40 % nos consommations d’énergie », non par « la privation », mais par « l’innovation », et de marier les énergies renouvelables et le nucléaire afin de produire « davantage d’électricité décarbonée ». Le développement des premières a « pris du retard », admet-il, prévoyant de décupler la production d’énergie solaire d’ici à 2050 et d’installer une « cinquantaine de parcs éoliens en mer [tout en] étalant dans le temps » le développement de l’éolien terrestre. Le chef de l’État indique sa volonté de relancer la filière nucléaire en vue de « garantir l’indépendance énergétique de la France », comme il l’avait annoncé en novembre 2021. Il « demande à EDF d’étudier les conditions de prolongation au-delà de cinquante ans [de] tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être » et annonce la construction de six réacteurs EPR 2 – version optimisée de l’EPR (Evolutionary Power Reactor) – associée à l’étude de la construction de huit autres. Des « financements publics massifs de plusieurs dizaines de milliards d’euros » sont évoqués, sans plus de précision. En novembre 2018, Emmanuel Macron avait annoncé la fermeture de dix à quatorze réacteurs avant 2035 et la réduction à la même date de la part du nucléaire à 50 % du mix énergétique.
Le 18, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonce la participation de l’État, à hauteur de 2,1 milliards d’euros, à la recapitalisation de 2,5 milliards d’euros engagée par EDF. La part de l’État dans le capital de l’entreprise devrait rester stable, autour de 84 %. EDF s’attend à une baisse de revenus de 19 milliards d’euros en 2022 : 8 milliards au titre du « bouclier tarifaire » instauré par le gouvernement pour limiter l’effet de l’augmentation des prix de l’énergie sur les consommateurs et 11 milliards au titre de la diminution de la production d’électricité en raison de la mise à l’arrêt pour travaux de plusieurs réacteurs. Par ailleurs, l’endettement d’EDF s’élevait à 43 milliards d’euros en 2021.